Cette semaine, Brigitte Patient visite deux expositions. La première, installée au Jeu de Paume, revient sur la carrière de Dorothea Lange. La seconde, organisée par la Galerie Binôme, présente la nouvelle série de Marc Lathuillière.
Le Jeu de Paume accueille l’exposition Dorothea Lange, politiques du visible jusqu’au 27 janvier 2019. C’est le premier événement dédié à la photographe américaine en France depuis vingt ans. Articulée en cinq chapitres, l’exposition retrace le parcours de Dorothea, de 1932 à 1957. En observant ses photographies, on découvre la relation qu’entretenait l’artiste avec son sujet. Elle s’approche des corps, et capture les gestes, les détails qui forment la scène et caractérisent le modèle.
Une série d’images attire l’attention de Brigitte Patient : des photographies censurées aux États-Unis jusqu’en 2006. Une étude sur l’internement d’américains d’origine japonaise réalisée en 1942. La photographe avait alors documenté l’enfermement de 110 000 personnes dans des camps. Enfin, focus sur une image emblématique du travail de Dorothea : la mère migrante. Six prises de vue ont été nécessaires pour réaliser ce cliché. D’abord installée loin de son modèle, la photographe se rapproche peu à peu de la mère, jusqu’à saisir cette expression énigmatique et envoûtante.
© The Dorothea Lange Collection, the Oakland Museum of California, City of Oakland. Gift of Paul S. Taylor
Jouer avec les apparences
Direction ensuite la Galerie Binome, installée dans le Marais à Paris. C’est là-bas que le photographe Marc Lathuillière expose sa nouvelle série, Fractal Spaces. Son précédent travail, Musée national, regroupait 1000 portraits d’hommes et de femmes au travail, des artisans aux célébrités, tous rendus anonymes grâce à un même masque. Une manière d’uniformiser une France trop peu ouverte d’esprit.
Dans Fractal Spaces, Marc joue à nouveau avec les apparences. Il détourne, cette fois, la photographie documentaire. « On observe un certain académisme dans la manière de représenter les zones périurbaines en photographie », explique Marc. « La même distanciation, l’absence de figure humaine, le ciel gris… Je voulais les photographier autrement ». Il présente ses paysages à travers des rideaux d’arbres denses, et les contre colle sur des miroirs. Un jeu de profondeur se crée alors, tandis que la végétation se reflète, et le visiteur doit se positionner, s’ajuster lui-même en passant devant cette vision.
© Marc Lathuillière, courtesy Galerie Binome
Image d’ouverture : Dorothea Lange