Au micro de « Regardez voir » #65

24 octobre 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Au micro de « Regardez voir » #65

Cette semaine, Brigitte Patient visite deux expositions. La première, installée au Jeu de Paume, revient sur la carrière de Dorothea Lange. La seconde, organisée par la Galerie Binôme, présente la nouvelle série de Marc Lathuillière.

Le Jeu de Paume accueille l’exposition Dorothea Lange, politiques du visible jusqu’au 27 janvier 2019. C’est le premier événement dédié à la photographe américaine en France depuis vingt ans. Articulée en cinq chapitres, l’exposition retrace le parcours de Dorothea, de 1932 à 1957. En observant ses photographies, on découvre la relation qu’entretenait l’artiste avec son sujet. Elle s’approche des corps, et capture les gestes, les détails qui forment la scène et caractérisent le modèle.

Une série d’images attire l’attention de Brigitte Patient : des photographies censurées aux États-Unis jusqu’en 2006. Une étude sur l’internement d’américains d’origine japonaise réalisée en 1942. La photographe avait alors documenté l’enfermement de 110 000 personnes dans des camps. Enfin, focus sur une image emblématique du travail de Dorothea : la mère migrante. Six prises de vue ont été nécessaires pour réaliser ce cliché. D’abord installée loin de son modèle, la photographe se rapproche peu à peu de la mère, jusqu’à saisir cette expression énigmatique et envoûtante.

© The Dorothea Lange Collection, the Oakland Museum of California, City of Oakland. Gift of Paul S. Taylor

© The Dorothea Lange Collection, the Oakland Museum of California, City of Oakland. Gift of Paul S. Taylor
© The Dorothea Lange Collection, the Oakland Museum of California, City of Oakland. Gift of Paul S. Taylor© The Dorothea Lange Collection, the Oakland Museum of California, City of Oakland. Gift of Paul S. Taylor

© The Dorothea Lange Collection, the Oakland Museum of California, City of Oakland. Gift of Paul S. Taylor

© The Dorothea Lange Collection, the Oakland Museum of California, City of Oakland. Gift of Paul S. Taylor

Jouer avec les apparences

Direction ensuite la Galerie Binome, installée dans le Marais à Paris. C’est là-bas que le photographe Marc Lathuillière expose sa nouvelle série, Fractal Spaces. Son précédent travail, Musée national, regroupait 1000 portraits d’hommes et de femmes au travail, des artisans aux célébrités, tous rendus anonymes grâce à un même masque. Une manière d’uniformiser une France trop peu ouverte d’esprit.

Dans Fractal Spaces, Marc joue à nouveau avec les apparences. Il détourne, cette fois, la photographie documentaire. « On observe un certain académisme dans la manière de représenter les zones périurbaines en photographie », explique Marc. « La même distanciation, l’absence de figure humaine, le ciel gris… Je voulais les photographier autrement ». Il présente ses paysages à travers des rideaux d’arbres denses, et les contre colle sur des miroirs. Un jeu de profondeur se crée alors, tandis que la végétation se reflète, et le visiteur doit se positionner, s’ajuster lui-même en passant devant cette vision.

© Marc Lathuillière, courtesy Galerie Binome

© Marc Lathuillière, courtesy Galerie Binome

© Marc Lathuillière, courtesy Galerie Binome

© Marc Lathuillière, courtesy Galerie Binome

© Marc Lathuillière, courtesy Galerie Binome

Image d’ouverture : Dorothea Lange

Explorez
3 questions à Juliette Pavy, photographe de l’année SWPA 2024
En plus de la douleur et des saignements, ces “spirales“ sont également à l’origine de graves infections qui ont rendu leurs victimes définitivement stériles. © Juliette Pavy
3 questions à Juliette Pavy, photographe de l’année SWPA 2024
À travers son projet sur la campagne de stérilisation forcée au Groenland entre 1966 et 1975, la photographe française Juliette...
29 avril 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Hailun Ma, pour l'amour du Xinjiang
© Hailun Ma, Kashi Youth (2023) / Courtesy of the artist, Gaotai Gallery and PHOTOFAIRS Shanghai (25-28 avril, Shanghai Exhibition Centre)
Hailun Ma, pour l’amour du Xinjiang
Que savons-nous de la vie des jeunes de la province du Xinjiang, en Chine ? Probablement pas grand-chose. C’est justement dans une...
26 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Quand les photographes utilisent la broderie pour recomposer le passé
© Carolle Bénitah
Quand les photographes utilisent la broderie pour recomposer le passé
Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le biais des images, les préoccupations de notre époque. Parmi les...
25 avril 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les femmes s'exposent à Houlgate pour une nouvelle édition !
© Alessandra Meniconzi, Mongolia / Courtesy of Les femmes s'exposent
Les femmes s’exposent à Houlgate pour une nouvelle édition !
Le festival Les femmes s'exposent réinstalle ses quartiers dans la ville normande Houlgate le temps d'un été, soit du 7 juin au 1er...
24 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Ultra-violence, bodybuilding et livre d’artiste : nos coups de cœur photo du mois
© Kristina Rozhkova
Ultra-violence, bodybuilding et livre d’artiste : nos coups de cœur photo du mois
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
30 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
BMW ART MAKERS : les dégradés célestes de Mustapha Azeroual et Marjolaine Lévy
© Mustapha Azeroual / BMW ART MAKERS
BMW ART MAKERS : les dégradés célestes de Mustapha Azeroual et Marjolaine Lévy
Le programme BMW ART MAKERS, initiative de soutien à la création, accueille cette année le duo d’artiste/curatrice composé par Mustapha...
30 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
La sélection Instagram #452 : la danse sous toutes ses formes
© Aleksander Varadian Johnsen / Instagram
La sélection Instagram #452 : la danse sous toutes ses formes
Cette semaine, les photographes de notre sélection Instagram capturent les corps – et même les éléments – qui dansent à en perdre...
30 avril 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
3 questions à Juliette Pavy, photographe de l’année SWPA 2024
En plus de la douleur et des saignements, ces “spirales“ sont également à l’origine de graves infections qui ont rendu leurs victimes définitivement stériles. © Juliette Pavy
3 questions à Juliette Pavy, photographe de l’année SWPA 2024
À travers son projet sur la campagne de stérilisation forcée au Groenland entre 1966 et 1975, la photographe française Juliette...
29 avril 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas