Au sud-ouest de l’Alaska, à l’extrémité de la baie Nushagak, un projet de puits de mine menace l’éco-système et le peuple Yup’ik. Basée sur la pêche du saumon depuis 4000 ans, cette culture ne survivrait pas au projet. Le photographe américain Terry A. Ratzlaff, sensibilisé à cette cause par un ami pêcheur dans la baie de Bristol, a embarqué sur un bateau pendant treize semaines. Il en est revenu avec une très belle série intitulée The Tide Goes North.
“Mon travail évoque la complexité du rapport des hommes à la pêche du saumon du Pacifique.”, nous a raconté le photographe. “Si j’ai choisi de parler de ce problème, c’est parce que la préservation de ce peuple et de ces paysages est très importante à mes yeux.”
Inspiré par l’écrivain et anthropologue James W. VanStone qui a passé du temps dans cette région au début des années 1900, le photographe questionne le développement durable et le menace pesant sur la baie. En adoptant le point de vue d’un pêcheur et en dévoilant la beauté du Pacifique, ce travail défend la cause avec justesse et efficacité.
Pour partager avec le spectateur son expérience intense, l’artiste tenait aussi un journal de bord dont il a accepté de nous dévoiler un extrait. Le 5 juillet 2014, il a pris la photo ci-dessous. Ce jour-là, il écrivait : “Jour 11. Nous étions censés commencer la pêche à 6 heures du matin. Nous nous sommes levés à 4 heures du matin, je m’étais endormi à 2 heures. Les feux d’artifice d’hier soir autour du bateau ont gêné mon sommeil, je suis épuisé. Ce matin, l’ambiance était irréelle. Le soleil s’est levé sur un brouillard bleuté très dense, nous empêchant de nous repérer. Nous avons croisé d’autres bateaux qui étaient perdus. Nous avons finalement réussi à retrouver nos filets. Une très belle expérience de dérive dans le calme de la baie, sans aucun sens de l’orientation hormis la lueur pâle du brouillard à notre gauche et la brume engloutie par le rivage à notre droite.”
Terry développe actuellement un projet très différent qui tient son nom du livre Le Petit Prince : But The Eyes Are Blind One Must Look With The Heart (en français, “Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur.”) Le sujet : observer l’amour à l’heure de la société technologique. “J’explore les réalités les plus sombres de l’amour et du sexe dans le cyber espace. Je démystifie les fantasmes et confronte le spectateur à la réalité.” Une série prometteuse que l’artiste dévoilera en 2017.
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