« J’aime prendre ma voiture en ayant juste une vague idée d’où je vais », raconte Simon, 33 ans. À Perth, en Australie, il se laisse porter par une routine où la liberté fait loi. Son quotidien est fait de longues balades au petit matin ou au coucher du soleil. Le week-end, il s’absente plusieurs heures : « Je marche dans les coins. Parfois je prends une ou deux photos seulement, parfois j’use plusieurs pellicules. L’imprévisible est fun. »
On ne saurait dire si cette insouciance qui inspire Simon. Une chose est sûre : il aime ce qu’il voit autour de lui. Il y a une forme de légèreté dans ses images, inhérente à l’état d’esprit dans lequel il se trouve lorsqu’il photographie. Si bien qu’on a l’impression de se balader avec lui. Rares sont les photographes qui parviennent à exprimer avec autant de justesse et d’équilibre leur empathie pour ce qu’ils voient et leur amour pour la photo. Simon est un de ceux là.
À travers les livres
« Mes parents m’ont donné mon premier boîtier lorsque j’avais 10 ans. » Mais la photographie est devenue une affaire sérieuse il y a deux ans seulement, lorsque Simon découvre les images de certains auteurs qui l’ont beaucoup marqué. Entre autres, « les photographes de la New Topographics (ndlr : un courant très influent, cristallisé dans une exposition montrée en 1975 à Rochester, aux États-Unis) [qui a] beaucoup influencé ma vision du monde et de la photographie.»
Les années 1970 et 1980 demeurent une source d’inspiration importante pour Simon, qui cite Robert Adams comme un de ses photographes favoris. Il confie, « lorsque je me sens un peu frustré ou que je ne sais pas où aller avec mes photos, je m’assois et je regarde un de ses bouquins. » C’est d’ailleurs les livres qui lui ont tout appris – ou presque. Simon est autodidacte, et parce qu’il n’a jamais étudié la photographie, il s’est éduqué tout seul : « J’achète beaucoup de livres photo. Je m’inspire aussi de certains peintres comme Jeffrey Smart. Puis il y aussi le cinéma, la musique, la littérature et la lumière de l’après-midi lorsque je pars du boulot pour rentrer chez moi. »
L’Australie
Surtout, Simon se plaît à « réduire le monde dans un paysage minimaliste ». Son attirance pour le vide est liée à sa fascination pour son pays. Là-bas, « la lumière du jour est incroyablement crue et vive », ce qui force Simon a photographié plutôt au lever et au coucher du soleil. Il utilise une pellicule moyen format et, comme il l’explique, « lorsque la lumière est assez rouge, ça créé de magnifiques couleurs et dégradés dans le ciel. »
L’Australie est un continent où la grande majorité de la population vit sur les côtes. Perth, où Simon habite, se situe à l’extrême ouest et demeure très isolée : « Les paysages désertiques me sont donc vraiment très naturels », conclut le jeune homme, « mes photos sont une réflexion sur l’endroit où je vis et comment je m’y sens. »
Propos recueillis par Marie Moglia
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