Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont particulièrement marquée. Des récits personnels aux visites de divers événements, c’est le moment de (re)partager nos coups de cœur de décembre 2024 !
Sara Imloul
Pour réaliser sa série Das Schloss, qui signifie « le château » en allemand, Sara Imloul a pris pour cadre la grande maison familiale de son enfance, celle qui a abrité nombre de ses souvenirs de jeunesse. L’une de ses images, « Les Sœurs tableaux », est née de retrouvailles tant attendues en ces murs, et cristallise un exutoire singulier. De fait, dans cette approche poétique qui lui est propre, la photographe a réuni sa mère et sa tante afin de composer un étonnant portrait de son grand-père, qui était peintre. Habillées dans les vêtements de ce dernier, le visage dissimulé derrière ses toiles, toutes deux donnent à voir un dédoublement. « C’est alors que la constellation prend forme et que la catharsis a lieu, entre figurant et figuré, dans nos yeux ébahis », assure-t-elle.
Éloïse Labarbe-Lafon
C’est à l’occasion d’une tournée de concerts à laquelle son compagnon, musicien, participait qu’Éloïse Labarbe-Lafon a imaginé Motel 42. À travers ce projet, l’artiste a consigné des bribes de ce road trip aux États-Unis. À la manière d’un rituel, elle a ainsi immortalisé la chambre, chaque jour différente, dans laquelle le couple a passé la nuit. Ce journal visuel, d’abord monochrome, a repris ses couleurs par la suite, à l’aide d’une peinture à l’huile, minutieusement appliquée en couches fines au pinceau, au coton ou aux doigts. En résulte une quarantaine de portraits nimbés d’une poésie de l’instant, dans laquelle ses souvenirs se révèlent et se figent selon d’autres nuances.
La Mode en modèle
Nichée au premier étage du musée des Arts décoratifs, l’exposition La Mode en modèle évoque un des nombreux rôles qu’a joué la photographie dans l’industrie textile au siècle passé. À l’époque, le médium ne servait pas uniquement à composer une imagerie vouée à orner les pages des magazines féminins les plus en vogue. Dans l’intimité des ateliers de couture, il permettait également aux grandes maisons françaises de lutter contre la contrefaçon, qui a gagné en intensité au cours de l’entre-deux-guerres. Puisant dans l’anthropométrie, dont le criminologue Alphonse Bertillon a énoncé les principes au 19e siècle afin de standardiser les prises de vue, le dépôt de modèle en clichés s’est alors imposé comme le seul outil capable de défendre l’originalité d’un vêtement.
Axelle de Russé
« Au départ, l’archipel de Svalbard était un désert de glace, isolé et inhabité, fréquenté uniquement par des pêcheurs de baleines. Jusqu’à ce qu’on y découvre du charbon et qu’une colonie de mineurs s’y installe. Aujourd’hui, une seule mine est toujours en activité et le site attire surtout des scientifiques et des compagnies de tourisme », explique Axelle de Russé. Cette dernière a passé huit années sur place, au cours desquelles elle a créé sa série Arktis. Au fil des tirages se dévoile ainsi une dystopie polaire ayant pour décor un territoire affecté par les dérèglements climatiques. Ses compositions parfois expérimentales révèlent alors ce que l’œil humain ne saurait voir.
Anika Spereiter
Dans des tirages en noir et blanc apparaissent des figures énigmatiques dont les contours réfléchissent dans la nuit. Plus loin, les phares de voitures fendent le brouillard tandis que l’onde se pare de lueurs. Ces scènes sont issues de A Myth in the Making, une série d’Anika Spereiter désormais disponible dans un ouvrage produit en autoédition. L’ensemble est porté par une envie de mettre au jour le profil de celles et ceux qui, convaincus que des formes extraterrestres survolent notre planète, assurent en avoir déjà aperçu. Cette démarche lui permet alors, en contrepoint, de sonder ces croyances. « Ce qui est particulièrement intéressant avec les observations d’ovnis, c’est que malgré le manque de preuves crédibles, la science ne peut pas exclure leur existence », souligne l’artiste.