Le long du fleuve Amour, à la Galerie Particulière et Une Odyssée Sibérienne à l’Académie des Beaux-Arts ; deux expositions consacrées aux voyages de Claudine Doury. Des événements « en résonance » qui racontent les périples de la photographe en Sibérie, de 1991 à 2018.
Lauréate 2017 du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière en partenariat avec l’Académie des Beaux-Arts, Claudine Doury est repartie en 2018, pour la troisième fois, le long du fleuve Amour. Trois voyages dans ces territoires installés sur les bords du premier fleuve de Sibérie qui obsèdent la photographe. Si l’exposition de l’Académie des Beaux-Arts se concentre sur 2018 et les mutations de ces lieux, la Galerie Particulière, elle, organise un récit en trois temps. « Il s’agit d’une résonance », explique Claudine. « Des ponts sont parfaitement lisibles entre les deux expositions, puisqu’elles proviennent d’une même Odyssée ». La photographe, passionnée par le voyage et la transmission de mémoire s’estime chanceuse d’avoir pu retourner sur ce territoire, 20 ans après. « Cela me donne envie de creuser davantage ce projet sans fin ! », ajoute-t-elle avec enthousiasme. À la Galerie Particulière, les photographies exposées ne suivent aucun ordre chronologique, comme une réponse à la passion de Claudine pour le fleuve. « Nous voulions éviter de mettre en avant un récit documentaire, mais plutôt de montrer un travail artistique et plasticien », explique Audrey Bazin, directrice de la galerie. « Faire ressortir un œil, une sensibilité, une construction à partir d’un ensemble de photos ».
© Claudine Doury courtesy La Galerie Particulière, Paris
Toute l’histoire de la conquête de l’est
Aidée par le Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière, Claudine voyage à nouveau en Sibérie. « Je souhaitais retourner dans des villages où j’étais déjà allée », précise la photographe. Ses souvenirs en mémoire, elle retrouve les territoires qui l’avaient émue près de 20 ans auparavant. « J’y ai retrouvé une amie qui s’appelle Islava, qui avait deux gamins, la dernière fois…et cette année l’un d’eux s’est marié. J’ai vu là-bas une nouvelle génération », confie-t-elle.
Elle raconte ensuite l’histoire de Margarita, une grand-mère magnifique, à la longue chevelure, figure phare d’Une Odyssée Sibérienne. Une femme qui était la maire du village, et qui avait gentiment accueilli Claudine et son équipe, à l’époque. « Quand je suis retournée, au mois d’avril, dans la neige, je l’ai vue dans un magasin, cette petite femme à la retraite », se souvient Claudine. Pour la photographe, Margarita est devenue un emblème, le socle de son histoire. « Sa mère était la première institutrice du village, elle m’avait raconté l’histoire de ses parents à elle, qui venaient de Saint-Pétersbourg », continue la photographe. Mère et fille sont les symboles de l’histoire de la Sibérie, « de la conquête de l’est ».
Si Le long du fleuve Amour retrace une histoire intime entre Claudine et les habitants du territoire, Une Odyssée Sibérienne sublime ce lien, en mettant en lumière la transformation d’un lieu si lointain, et l’évolution des êtres chers à la photographe. Un récit double d’une profonde humanité.
Réalisé dans le cadre du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière en partenariat avec l’Académie des beaux-arts
© Claudine Doury / courtesy La Galerie Particulière, Paris