Théo Soler et Stavri Georgiou, nos coups de cœur de la semaine, composent des récits visuels prenant leurs racines dans le 7e art. Le premier s’inspire de scènes de films particulières pour sonder les questions de genre et de santé mentale, tandis que la seconde puise dans le vieil Hollywood pour créer des tableaux glamours et cosmiques.
Théo Soler
C’est en rêvant de tourner des films avec sa petite caméra que Théo Soler découvre la photographie. « J’ai commencé à capturer des images fixes et c’est très vite devenu une obsession, une manière de crier une révolte que je n’arrive pas toujours à formuler à l’oral », précise-t-il. Puisant dans ses références cinématographiques, et plus généralement dans l’art, il compose des séries collaboratives avec les personnes qu’il photographie. Cadrages et lumières léchés révèlent des corps et des paysages dans une union empreinte de tendresse ou de mélancolie. « Ce que j’aime avec le 8e art, c’est cristalliser des instants, comme si je pouvais figer un souffle ou une pensée. J’y trouve une manière douce, poétique et parfois violente de lutter pour les causes qui me bouleversent », ajoute l’auteur. Il explore la question du genre, libérant les corps des rôles que la société leur impose et illustre la santé mentale à travers des autoportraits évocateurs : « Je sonde des émotions plus intimes et plus douloureuses. J’essaie de figer les instants dans lesquels je sombre pour garder une trace de ce que j’ai traversé », conclut-il.
Stavri Georgiou
Des camaïeux de bleu, tantôt ceux du ciel, tantôt ceux de la mer, et quelques silhouettes sur une plage où se couche le soleil. Stavri Georgiou capture des métaphores visuelles empreintes de souvenir et de fantaisie. L’artiste, diplômée de l’université de Sussex, navigue à travers l’image, s’essayant autant à la photographie, à la vidéo qu’au design digital. Inspirée par les films noirs, le vieil Hollywood et les clips musicaux des années 1980, elle compose une poésie glamour teintée de mystique. « Je suis attirée par la capture de moments surréalistes et cinématographiques qui mélangent le lyrisme et le quotidien. Je joue souvent avec des silhouettes, des éclairages dramatiques et des dégradés de couleurs pour évoquer une atmosphère onirique, soutient Stavri Georgiou. Je ne me contente pas de documenter une scène, je sculpte un sentiment. » Elle croise cinéma vintage – une main gantée et perlée tenant une cigarette – et élément du firmament dans son journal digital : « Une grande partie de mon travail tourne autour des thèmes de la nostalgie, de la solitude et de l’intimité cosmique. Je reviens beaucoup à la lune, aux mains et au ciel nocturne, des symboles qui suggèrent la distance, le mystère et le langage silencieux du geste », précise-t-elle.