Vous êtes photographe ou vous souhaitez le devenir ? Vous avez des questions sur cette profession qui fait rêver, mais ne savez pas où les poser ? Ça tombe bien, car Fisheye a lancé le Courrier des Photographes ! Envoyez votre demande à Agathe Kalfas, qui vous répondra cash et vous éclairera sur les coulisses du métier.
Chèr·es photographes,
Pour ce nouveau courrier, j’ai souhaité m’arrêter sur cette question de Camille Airvault : comment croire en mon travail ? Celle-ci peut sembler naïve en apparence, et pourtant elle soulève plusieurs problématiques essentielles aux métiers de la création et aux biais de genre.
Soyons clair·es, je ne suis pas surprise que cette question me soit adressée par une femme. Croire en son travail d’artiste/d’auteurice n’est bien sûr pas qu’une histoire de genre. Tous les métiers créatifs génèrent des doutes et des angoisses sur la valeur, le sens et la portée de son travail. Mais les femmes sont malheureusement plus exposées à ses questionnements, et il est important d’en prendre conscience pour dépasser cet état de fait et arrêter le phénomène d’autocensure qui en découle. Rappelons quelques chiffres : alors que 54 % des diplômé·es d’écoles de photographie sont des femmes, elles ne sont que 38 % à en faire leur métier ; elles souffrent d’un défaut de représentation, car moins exposées dans les institutions publiques (24 % dans les collections du CNAP, 28 % dans celles du Centre Pompidou), moins représentées en galeries, en agences (1/4 en moyenne) ; moins payées également que leurs homologues masculins (66 % des femmes photographes déclarent réussir à vivre de leur activité contre 87 % des hommes). Bref, la liste est encore longue, mais vous l’aurez compris, tous ses facteurs expliquent que les femmes doutent plus que les hommes sur la valeur de leur travail et leur légitimité.
Des solutions adaptées
Pour gagner en assurance et booster votre ego, voici quelques recommandations, dont certaines spécifiquement adressées aux photographes femmes :
- Candidatez à programme de mentorat : cela consiste en un accompagnement, dispensé par un·e ou plusieurs professionnel·les expérimenté·es, afin de développer votre carrière et vos projets, dans un esprit de bienveillance et de confiance mutuelle. Citons celui du Fond Régnier pour la culture avec l’Agence Vu et du Collectif Item, ainsi que le Mentorat des Filles de la photo et Nouvel œil de Gaze Magazine.
- Regroupez-vous et sortez de votre isolement : rien de tel pour reprendre confiance en soi que d’échanger avec d’autres photographes et/ou créatif·ves. Vous pouvez entreprendre d’intégrer un collectif ou mieux encore, de fonder le vôtre avec des personnes avec vous savez que vous partagez des affinités. Vous pouvez également prendre un bureau partagé ou rejoindre un atelier d’artistes tel que ceux proposés par POUSH à Aubervilliers, ou Yes We Camp un peu partout en France.
- Formez-vous avec des professionnel·les du secteur en passant par des workshops ou de la formation continue. Il existe beaucoup d’offres allant des sujets les plus techniques (retouches, prises de vue, gestion de la lumière…) au plus artistique (définir votre style visuel, éditer son portfolio, savoir rédiger une note d’intention artistique…). En tant qu’artistes-auteurices, vous avez droit à des crédits annuels via l’afdas qui vous permettent de vous former tout au long de la vie.
Pour conclure, je vous invite à faire un tour sur le site Elles font la culture qui donne accès à bon nombre de ressources, de conseils fondés sur l’entraide et des témoignages de photographes femmes souhaitant partager leur expérience. Alors ne doutez plus, votre travail à certainement de la valeur, à vous d’y croire !
Vous avez d’autres questions en tête ? Écrivez-moi à l’adresse courrier@fisheyemagazine.fr en précisant bien votre compte Instagram. Une fois par mois, je choisirai un courrier auquel je répondrai sans détours et qui sera publié avec une photographie sélectionnée à partir de votre compte. À vos stylos !