« Le logo reste indéfiniment en train de charger, sans que rien ne bouge. Comme s’il y avait un bug. On attend la suite, mais rien ne se passe. »
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de Margaux Roy. Marquée par le temps ralenti des confinements provoqués par la crise de covid-19, la photographe et réalisatrice recrée, dans sa série L’attente, ces situations quelconques du quotidien, pourtant insensées, auxquelles le monde a été confronté durant cette période. Pour Fisheye, elle revient sur l’une des scènes emblématiques de cette anomalie mondiale.
« Cette photo est issue d’une série qui s’appelle L’attente que j’ai réalisée à la suite des confinements à répétition de 2020.
À ce moment où le temps paraissait se distendre, rien n’avançait comme d’habitude. Comme pour beaucoup de personnes, j’avais la sensation de me sentir bloquée. Nous vivions des situations exceptionnelles, totalement liées à la conjoncture de la pandémie mondiale, qui pouvaient paraître un peu absurdes, car nous n’étions pas habitué·es : faire la queue pour rentrer dans n’importe quel magasin, se laver les mains 12 fois par jour avec du gel hydroalcoolique, danser tout·e seul·e dans son salon pour se défouler, avoir peur de parler trop proche d’une personne même si on la connaissait. Et puis, porter le masque bien évidemment ! Chose qui se complique lorsqu’on porte des lunettes de vue, car la respiration couplée du masque produit de la buée sur les verres…
J’ai repris en photo et en film ces nouvelles scènes du quotidien bien particulières en y ajoutant un logo de chargement au centre de chaque image. Le logo reste indéfiniment en train de charger, sans que rien ne bouge. Comme s’il y avait un bug. On attend la suite, mais rien ne se passe.
Je voulais parler de façon humoristique de l’absurdité de ces situations inédites créées par les confinements et des frustrations liées à cette attente qui en découlait. »