« Je passe beaucoup de temps à retravailler ces images à la main et, à travers ce processus, j’aime dire que je médite le paysage. »
Cette semaine, plongée dans l’œil de Sabatina Leccia, artiste française qui se plaît à expérimenter avec la matière. Pour Fisheye, elle revient sur l’une de ses compositions oniriques, actuellement exposée à la Galerie XII, qui invite à prendre le temps de considérer la beauté du monde alentour.
« J’ai pris ce paysage dans le maquis du cap Corse. Cet endroit est bordé par la mer et, à cause de l’humidité, il y a beaucoup de nuages qui s’accrochent à cette montagne composée d’arbustes. Quand on parcourt ce territoire comme cette photo, l’atmosphère semble irréelle. Des poteaux électriques, qui ont l’air de dater d’une autre ère, surgissent çà et là. Ils se mêlent au ciel et offrent cette belle image qui me plaît.
J’ai retravaillé les couleurs en plongeant cet espace dans un univers aux teintes bleutées. Je l’ai ensuite fait tirer sur un papier mat qui me rappelle celui que j’utilisais pour mes dessins. Enfin, dans un dernier mouvement, je suis venue, avec mon aiguille de brodeuse, faire apparaître des points de couleur avec du fil ou accentuer le détail de ce nuage, en perforant la matière pour lui apporter un aspect tangible. Je passe beaucoup de temps à retravailler ces images à la main et, à travers ce processus, j’aime dire que je médite le paysage. J’ai l’impression de ressentir des vibrations que l’on ne perçoit pas, et je voulais rendre compte de l’énergie que dégagent ces éléments. »