Dans l’œil d’Orianne Ciantar Olive : l’emblème trouble et brûlant du désastre

01 juillet 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans l’œil d’Orianne Ciantar Olive : l’emblème trouble et brûlant du désastre
© Orianne Ciantar Olive
OrianneCiantarOlive
« Le souffle, je l’ai senti par l’onde de choc, comme un point culminant, comme ce double soleil qui s’élève au-dessus du silo éventré. »

Cette semaine, plongée dans l’œil d’Orianne Ciantar Olive. Dans Les Ruines Circulaires, une série qui a donné lieu à After War Parallax, que nous vous présentions sur les pages du Fisheye #63, la photographe retrace les désastres qui ont bouleversé l’histoire du Liban. Pour Fisheye, elle revient en détail sur l’une de ses images, désormais consignée dans un bel ouvrage publié aux éditions Dunes.

« Beirut, 4 août 2020. Ce n’est pas la date à laquelle j’ai pris cette photographie. Le port, détruit, se laisse contempler tous les soirs depuis la fenêtre de mon appartement. Le souffle, je l’ai senti par l’onde de choc, comme un point culminant, comme ce double soleil qui s’élève au-dessus du silo éventré. De 2019 à 2023, j’ai entrepris une traversée des désastres, du nord vers le sud du Liban, que j’appelle Nabil. Le désastre, en latin, c’est la mauvaise étoile. C’est ce soleil mourant sans lequel on ne pourrait pas être. Cette image est le fruit d’un renversement, comme un glissement de terrain, où je suis passée du recto au verso. J’avais déjà retourné les mots, j’ai fini par retourner mes pellicules. Dans cette poétique de l’éternel recommencement de la violence, j’étais en route pour le mur de séparation de Kfar Kila, lui-même sous un feu perpétuel, et qui explosa huit mois plus tard. Avant d’entamer ce voyage, le cinquième que je ferai pour Les Ruines Circulaires, je n’ai pu faire autrement que photographier cette vue, emblème trouble et brûlant du désastre dans toute sa splendeur. C’est une photo simple, prise simplement un soir de mars 2023, depuis ma fenêtre, alors que je voulais seulement voir le bleu de la mer. »

Éditions Dunes
138 pages
74 photographies – 52 en couleur et 22 en noir et blanc
59 €
À lire aussi
Orianne Ciantar Olive : lumières de résistance
© Orianne Ciantar Olive
Orianne Ciantar Olive : lumières de résistance
Dans After War Parallax, Orianne Ciantar Olive esquisse les contours de Sarajevo et de Beyrouth, deux villes distinctes dont la…
22 février 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans l’œil de Joel Redman : les ravages des dérives capitalistes
© Joel Redman
Dans l’œil de Joel Redman : les ravages des dérives capitalistes
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de Joel Redman, qui signe The North Chose Us. Dans cette série, dont nous parlions déjà il y a quelques…
25 décembre 2023   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Explorez
À la découverte du regard enfoui de Nicole Lala
© Nicole Lala
À la découverte du regard enfoui de Nicole Lala
Restée dans l’ombre toute sa vie, Nicole Lala fut pourtant une photographe majeure du quotidien, du sensible, de l’invisible. Du 16...
30 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
PHotoESPAÑA 2025 : Après tout, que nous disent encore les images ?
© Joel Meyerowitz
PHotoESPAÑA 2025 : Après tout, que nous disent encore les images ?
Chaque été, PHotoESPAÑA transforme Madrid en capitale de la photographie. Pour sa 28e édition, le festival déploie plus d’une centaine...
28 juin 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Mois des fiertés : l'identité queer dans l'œil des photographes de Fisheye
© Paul Mesnager
Mois des fiertés : l’identité queer dans l’œil des photographes de Fisheye
Enjeux sociétaux, crise environnementale, représentation du genre… Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le...
27 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Florence et Damien Bachelot, collectionneurs de rencontres
Florence et Damien Bachelot © Nicolas Despis pour Fisheye.
Florence et Damien Bachelot, collectionneurs de rencontres
Avec un cabinet de plus de 1 000 œuvres, Florence et Damien Bachelot ont constitué, depuis 2004, l’une des plus grandes collections...
26 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Two Dinners, 2024 © Nyo Jinyong Lian
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Du 7 juillet au 5 octobre 2025, la Fisheye Gallery ouvre son espace arlésien à quatre artistes émergentes : Eloïse Labarbe-Lafon, Anna...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
© Marco Dos Santos
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
Mais peut-il seulement tenir en place ? Depuis plus de vingt ans, Marco Dos Santos trace une trajectoire indocile à travers les scènes...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III
Pentax x Nation Photo x Fisheye : trois visions du surréalisme à Arles
© Melina Barberi
Pentax x Nation Photo x Fisheye : trois visions du surréalisme à Arles
À l’occasion des Rencontres d’Arles 2025, Fisheye Magazine, en collaboration avec Pentax et Nation Photo, a lancé un concours de...
01 juillet 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
La sélection Instagram #513 : les yeux dans les yeux
© Miriana Corabi / Instagram
La sélection Instagram #513 : les yeux dans les yeux
À travers des autoportraits, des photographies de leurs proches et d'inconnu·es, les artistes de notre sélection Instagram de la...
01 juillet 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot