La projection a fait l’objet de très peu d’études et d’expositions, pourtant cette technique tient une place majeure dans l’histoire de la photographie. Le Musée de l’Élysée consacre un accrochage à ce médium méconnu apparu dans la seconde moitié du XIXe siècle. Une exposition à découvrir jusqu’au 24 septembre 2017 au Musée de l’Elysée.
Véritable tour d’horizon, l’expostion Diapositive. Histoire de la photographie projetée propose un parcours historique, ludique et participatif. L’exposition retrace les grandes évolutions du médium et présente les différentes fonctions de la projection. Car avant de se développer au sein du milieu artistique dans les années 1960-1970, la diapositive était utilisée à des fins pédagogiques et de divertissement populaire. La projection a révolutionné la manière de consommer et de communiquer : très vite, elle s’est transformée en expérience collective. L’exposition se compose de quatre sections : « l’image de lumière », « le dispositif », « la séquence » et « la séance». Située entre la photographie et le cinéma, l’exposition questionne le rapport à l’image à travers des documents d’archives. Publicités annonçant le film Kodachrome et déclinaison des projecteurs nous projettent dans les années 1940-50. Tandis que des oeuvres d’art éclectiques témoignent des possibilités infinies de la projection.
Publicité Kodak pour le film Kodachrome, 1982 © Kodak / Photo Musée de l’Elysée Lausanne
La projection : une pratique artistique atemporelle
Très vite, les artistes de tous horizons se sont emparés de ce médium. Par exemple, le plasticien français, Bertrand Gadenne, utilise la projection depuis les années 1980. Si les supports ont évolué dans son travail – la vidéo se substitue parfois à la diapositive – son univers poétique reste inchangé. Les Papillons (1988) est une projection, comme son nom l’indique, de deux papillons. À travers cette installation, il questionne le caractère éphémère de l’image. Avec ses papillons, il invite également le public à participer, à faire l’œuvre. Le spectateur, en jouant avec l’image projetée – et en réalisant lui-même l’autofocus – donne vie aux papillons. Changement d’échelle avec l’artiste multimedia Krzysztof Wodiczko. Cet artiste polonais expose des images dans l’espace public, sur la façade de bâtiments institutionnels. Une vidéo dévoilant ses oeuvres permet au public d’apprécier sa démarche à la fois critique et politique. Car en investissant les monuments de diverses villes, c’est le pouvoir politique qu’il remet en question. Runo Lagomarsino aborde quant à lui la situation des migrants. La première image projetée place le spectateur au coeur du détroit de Gibraltar. Les 79 photographies suivantes laissent entrevoir le même paysage mais de plus en plus perforé. En intervenant directement sur la diapositive, il signe une installation chargée en symboliques. Le Musée de l’Elysée prouve ainsi qu’il est possible de réviser les bases photographiques tout en découvrant des installations originales et engagées. L’exposition dispose par ailleurs d’un beau catalogue coédité par le Musée de l’Élysée et les éditions Noir sur Blanc.
Les Papillons, 1988 © 2017, ProLitteris, Zurich / Bertrand Gadenne / Collection du Musée de l’Elysée, Lausanne
Eine unerledigte Arbeit, An unsettled work (groß), 2000-2006 © Peter Fischli et David Weiss- Zürich 2017 / Courtesy Sprüth Magers
Image d’ouverture : Project for Slide Projector, 1966-2005 © Dan Graham, courtesy Marian Goodman Gallery. Collection : Astrid Ullens de Schooten / Fondation A. Stichting, Bruxelles