Dix ans de souvenirs photographiques : douceur expansive, hommage à la nature et danse visuelle

21 juillet 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Dix ans de souvenirs photographiques : douceur expansive, hommage à la nature et danse visuelle
© Elisa Baudoin / Capture d'écran vidéo "Mon idole" de Janie

À l’occasion des dix ans de Fisheye, les membres de sa rédaction reviennent, à tour de rôle, sur trois éléments qui les ont marqué·es : une rencontre, une série photo, un événement. Lumière cette semaine sur la sélection d’Ana Corderot, journaliste.

© Elisa Baudoin / Capture d’écran vidéo « Mon idole » de Janie
© Beth Moon
© Chiron Duong

© Elisa Baudoin / Capture d’écran vidéo « Mon idole » de Janie

La rencontre : Elisa Baudoin

J’ai découvert le travail d’Elisa Baudoin grâce à Terrenoire, un groupe de musique français composé de deux frères. Elle avait réalisé le clip de leur morceau Mon âme sera vraiment belle pour toi. Je me souviens avoir été subjuguée, j’y avais retrouvé quelque chose d’indicible, d’étrangement vibrant. Lorsque nous nous sommes rencontrées, autour d’un thé au jasmin, dans les fauteuils sixties du Café Populaire, elle était accompagnée de son petit chien, dénommé Lucien. Au fil de notre échange, j’ai retrouvé une appétence commune pour la douceur. Son travail est le reflet de sa sensibilité, et fait toujours émerger l’essence de celleux qu’elle photographie ou filme. Ses vidéo-clips sont un condensé de couleurs, de cadrages et de plans travaillés, qui me touchent singulièrement. Il y a notamment celui de Mon idole de Janie, qui résonne tout particulièrement. Ce morceau, et la vidéo qui en découle, nous parlent d’un père aimant disparu, avec qui la chanteuse tente en vain de partager une dernière danse, un dernier moment de tendresse père-fille, le tout dans un cadre océanique, métaphore des larmes. C’est une escapade visuelle chargée d’empathie, qui représente en tout point ce que cherche à créer Elisa Baudoin.

© Joana Choumali

L’événement : La Gacilly 2023

C’était au début du mois de juin dernier, la pluie n’avait pas encore laissé place au soleil printanier, et les jours semblaient beaucoup plus longs. Nous sommes parti·es tôt en train sous le ciel gris de Paris. À mon arrivée, tout était encore plus beau qu’on ne me l’avait conté. Beaucoup de monde était présent et la joie de ce 20e anniversaire, au rendez-vous. Nous avons alors passé la journée à visiter les champs, les ruelles du village sous un soleil radieux, circulant sous les feuilles des arbres, bercé·es par le bruit de l’eau. Véritables odes à la nature, les séries nous étaient relatées par les photographes, avec beaucoup de bienveillance. Chacun·e diffusait une énergie communicative et partageait son entraide à l’autre. Puis il y a eu Joana Choumali, avec qui nous avons échangé avant mon retour. Sa poésie visuelle et ses expériences de vie ont résonné en moi, me laissant rentrer l’esprit apaisé par la beauté de ces rencontres.

© Chiron Duong

La série : Chiron Duong , Boundaries

Il y a du mouvement, de la danse à en perdre la vue, des silhouettes qui défilent et nous entêtent, des couleurs et des tissus merveilleux, des flous majestueux et une aura magnétique. Dans l’œuvre de Chiron Duong, il y a une myriade de symboles visuels et surtout une technique époustouflante. C’est sur la couverture du numéro 48 de Fisheye que j’ai découvert son travail, et à la vue de son jeune âge et de cette science de l’image j’ai tout de suite été épatée.  Récemment, à l’occasion de l’exposition qui lui était consacrée à la Fisheye Gallery de Paris, j’ai eu la chance d’échanger avec lui sur ses références et son univers singulier. Emplies d’espoirs, ses images, et notamment cette série, nous parlent d’espaces transitoires, d’une vie qui peut parfois défiler à vive allure, mais avec laquelle nous arrivons à valser, pour ainsi la faire nôtre.

Explorez
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Caroline Furneaux : l'amour en boîte
Rosa, The Mothers I Might Have Had © Caroline Furneaux
Caroline Furneaux : l’amour en boîte
Dans son ouvrage The Mothers I Might Have Had, Caroline Furneaux exhume l'archive intime de films 35 mm de son père décédé pour une...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
InCadaqués Festival : Lieh Sugai remporte le Premi Fotografia Femenina 2025
© Lieh Sugai
InCadaqués Festival : Lieh Sugai remporte le Premi Fotografia Femenina 2025
Le Premi Fotografia Femenina Fisheye x InCadaqués a révélé le nom de sa lauréate 2025 : il s’agit de Lieh Sugai. Composée de...
10 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
L'errance incarnée par Alison McCauley
© Alison McCauley, Anywhere But Here
L’errance incarnée par Alison McCauley
Avec Anywhere But Here (« Partout sauf ici », en français), Alison McCauley signe un livre d’une grande justesse émotionnelle. Par une...
10 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Annissa Durar : une cueillette visuelle de senteurs
The Rose Harvest © Annissa Durar
Annissa Durar : une cueillette visuelle de senteurs
La photographe américano-libyenne Annissa Durar a documenté, avec beaucoup de douceur, la récolte des roses à Kelâat M’Gouna, au sud du...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Samuel Bollendorff : comment alerter sur la crise écologique ?
#paradise - curateur : Samuel Bollendorff.
Samuel Bollendorff : comment alerter sur la crise écologique ?
Le festival de photojournalisme Visa pour l’image revient pour sa 37e édition jusqu'au 14 septembre 2025. Parmi les 26 expositions...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Sous le soleil arlésien, nous avons rencontré Lee Shulman et Thomas Lélu à l’occasion de la sortie de Couldn’t Care Less. Pour réaliser...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet