Dmitri Pryahin capture des portraits viscéraux

17 novembre 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Dmitri Pryahin capture des portraits viscéraux

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Bruts et poignants, les portraits de Dmitri Pryahin encapsulent des émotions fortes.

Dans les recoins les plus sombres, à la lumière blafarde d’une ampoule vacillante ou sous un soleil cru, aveuglant, qui assèche les hautes herbes et brûle la peau, les sujets de Dmitri Pryahin hurlent leurs émotions. Corps contorsionnés, mise à nu brute, cris perçants immortalisés sur la pellicule… Avec un grain prononcé, qui brouille chaque donnée et dissimule le réel, le photographe capte des silhouettes régies par des sensations. Autour d’elles, le décor s’efface, presque trop neutre pour supporter une telle décharge de sensations. Ne reste alors que la force brutale : celle de l’être humain.

« J’ai débuté la photographie il y a une quinzaine d’années, en faisant des portraits de connaissances, se souvient l’auteur. Puis je me suis lancé dans le domaine commercial, avant de développer mes propres projets. Mon approche est ancrée dans l’inexpression : lorsqu’une personne ne peut pas s’exprimer, je prends une photo, sans y apporter la moindre signification, et sans donner aucune consigne en amont. » La seule ligne directrice ? « Exagérer des mouvements basiques : de haut en bas, d’avant en arrière », poursuit-il. Et de cette libération naît une poésie floue, dure, poignante. Une collection d’images-performances où les modèles semblent mis à mal, prêts à tout donner pour révéler leur viscéralité, percer l’artificiel et exposer les tripes, les douleurs, les désirs les plus intimes.

© Dmitri Pryahin

Laisser parler les corps

Il y a, dans les créations de Dmitri Pryahin, une dimension expérimentale, sombre, presque sauvage qui évoque l’esthétique des photographes du mouvement japonais Provoke. Une mise en abyme, où les êtres deviennent le point central du récit, pour mieux mettre à jour les cicatrices du monde. « Je ne veux pas montrer d’émotions, je ne présente que des visages, des corps – je ne sais pas à quoi ressemblent les émotions. Mon travail est naturel, honnête, sans espoir. Il est très noir et très lumineux. Excessif et naïf », confie l’artiste.

Pensés en diptyques, les clichés se complètent, se répondent, s’entrelacent ou se divisent, et forment un paysage mutant, en perpétuel mouvement. Un panorama tantôt glaçant – lorsque les images restent monochromes et laissent apparaître les contrastes, comme la laideur – tantôt saturé de stimulations – grâce aux couleurs vives et criardes. Mais peu importe la nuance choisie, Dmitri Pryahin parvient à maintenir l’attention du regardeur. Refusant obstinément d’imposer la moindre histoire à son public, il se contente de laisser parler les corps, de tracer des fragments de contes au cœur des pupilles dilatées, sur la courbe des dos, les poitrines dénudées, les bouches béantes. « Ce que j’explore ? De nouvelles personnes, de nouveaux sujets, et mon intérêt pour eux », conclut-il mystérieusement. Et, en parcourant sa galerie de portraits délirants, on ne peut s’empêcher de vouloir, nous aussi, nous immerger dans les esprits tourmentés de ces parfaits inconnus.

© Dmitri Pryahin

© Dmitri Pryahin© Dmitri Pryahin

© Dmitri Pryahin© Dmitri Pryahin

© Dmitri Pryahin© Dmitri Pryahin

© Dmitri Pryahin

© Dmitri Pryahin© Dmitri Pryahin

© Dmitri Pryahin

© Dmitri Pryahin© Dmitri Pryahin

© Dmitri Pryahin

© Dmitri Pryahin

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