est fascinée par la Chine et plus particulièrement par ses habitants. Dans une interview qu’elle a accordé à Fisheye, elle explique: “Les Chinois sont beaucoup moins collet monté que les Occidentaux. Ils sont vraiment désinhibés, pas du tout préoccupés par leur image. C’est très inspirant.” Ces inconnus qu’elle a photographié dans China Dreaming, Olivia raconte qu’elle les a les rencontrés au gré de ses pérégrinations.
“Je les ai trouvés comme ils étaient.”
Elle a sorti son appareil et ils ont fermé les yeux: “Ils n’étaient pas vraiment endormis. Je leur ai demandé d’aller “ailleurs”, en restant sur place. J’ai simplement documenté leur réaction.”
Une histoire de famille
Intriguée, captivée par les notions de conscience et d’inconscience, c’est en prenant des photos qu’Olivia cherche les réponses aux questions qui la bousculent depuis l’enfance:
“J’ai grandi dans une famille avec une perception très peu conventionnelle du monde. Ma mère était une excentrique, obsédée par les esprits et la réincarnation, très tourmentée. Et mon père, mon Bouddha, c’était un intellectuel. Un homme très doux, attentionné, humaniste. Il est devenu très spirituel dans sa dernière décennie.”
“Juste être là”
Il y a quelque chose d’un peu spirituel dans la démarche d’Olivia: “Je voulais montrer à quoi ressemble un individu lorsque l’esprit s’échappe du corps. Regardez les images: où sont ces personnes ? Où vont-elles ? Est-ce que vous les rejoindriez ? Combien de fois sommes-nous vraiment dans notre
corps ?”
Devenue photographe et mère de famille, Olivia est aussi une fille endeuillée par le décès de son père. Un an plus tard, c’est une perte qui affecte encore son travail et qui a beaucoup influencé China Dreaming: “Il est très présent dans ce travail. Ça illustre un peu ma lutte quotidienne pour être présente. Juste être là.”
Olivia a voulu photographier des gens qui s’échappent, comme elle essaye parfois de s’échapper. Son travail exprime une conviction profonde. Celle que nos perceptions ne sont que des illusions, des fantasmes: “Tout va bien quand vous êtes “présent”, quand vos yeux sont ouverts. Mais tout devient plus difficile une fois qu’ils sont fermés. C’est une lutte primaire de la condition humaine.” L’ironie, c’est qu’Olivia a choisi un métier où elle doit toujours garder l’œil ouvert.