Fisheye #64 : La photo comme Ressource

05 mars 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Fisheye #64 : La photo comme Ressource
© Stefanie Moshammer
© Anaïs Tondeur
© Andràs Zoltai

Disponible dans les kiosques, le dernier numéro de Fisheye, intitulé Ressource, donne à voir, par l’image, les signaux évocateurs de grands changements. Et au cœur de ces évolutions, notre rapport à l’environnement.

« Souvent subtils, difficiles à détecter et paraissant insignifiants ou sans rapport avec les courants dominants, les signaux faibles indiquent des changements importants à venir. Ils sont présents à tous les niveaux de la société, et sont certainement les indices les plus précieux à observer. En tant que magazine de photographie contemporaine ayant fait le choix de ne pas être lié à l’actualité, Fisheye porte son regard sur des tendances de fond à travers les travaux d’auteurices. Chacun·e à leur manière, ils nous décrivent un versant de notre société que l’on devine à peine. Parfois, cela semble même onirique, tant le rapport au réel est ténu. » De la porosité entre les médiums à la poésie la plus sensible, de l’étude des mécanismes de nos sociétés aux expérimentations artistiques, les différent·es artistes présent·es sur nos pages affirment, à nouveau, le besoin de créer pour faire face aux urgences et inégalités.

Dans notre cahier central, c’est autour d’une thématique commune que s’articulent les œuvres des photographes mis·es en avant : l’environnement. En Colombie, au cœur des mines d’émeraudes à ciel ouvert, Ana Núñez Rodriguez réalise Flower Rock. Un travail auréolé de nuances vertes et rosées s’inspirant des croyances et superstitions qui entourent l’extraction de cette pierre. À travers Fleurs de feux, le témoignage des cendres, Anaïs Tondeur, lauréate de l’édition 2023 du prix Photographie & Sciences, étudie ensuite les végétaux qui poussent dans les territoires extrêmes, là où les sols sont irradiés, pollués, impropres à la vie. Au moyen d’une pellicule infrarouge, lui permettant de détecter la chaleur émise par les objets et, ce faisant, de convoquer l’invisible, Maxime Riché construit, quant à lui, Paradise, une série fantasmagorique aux tons sublimes, inspirée par les méga feux et leurs ravages. « Géographe poète », Sylvie Bonnot présente, en parallèle, Corps de brume. Un travail autour des forêts qui l’entourent, en Bourgogne, et de leur mutation, précipitée par le réchauffement climatique. Jouant avec la gélatine de ses clichés, qu’elle décolle, elle s’attache à « réactiver la partie sensible de l’image photographique ». Lui aussi inspiré par un territoire délimité, Andràs Zoltai documente, dans Blue Memoir, la Tisza. Malmenée par les conséquences de la crise écologique, la rivière souffre aujourd’hui à la fois d’un manque et d’un excès d’eau. Une catastrophe restée dans l’ombre que le photographe parvient brillamment à révéler. Enfin, avec Les Éternels Éphémères, Maewenn Bourcelot rend hommage au monde du vivant, en capturant les abeilles, ces animaux indispensables et pourtant menacés. Photographiant ses sujets à la manière de véritables bijoux, luxueux et délicats, l’artiste s’éloigne du réel pour souligner une beauté irréelle – empoisonnée.

© Fisheye Magazine #64 : Ressource
© Fisheye Magazine #64 : Ressource

© Fisheye Magazine #64 : Ressource
À lire aussi
Fisheye #63 : des combats et des résistances
© Thaddé Comar
Fisheye #63 : des combats et des résistances
Le dernier numéro de Fisheye est disponible dans les kiosques et sur le store, avec une thématique d’actualité : penser la guerre…
03 janvier 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Contes d’Amazonie
Contes d’Amazonie
Avec Aya, le duo de photographes Arguiñe Escandón et Yann Gross développe un récit complexe. Sur les pas d’un pionnier de la photographie…
23 juillet 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Explorez
Le passé artificiel de Stefanie Moshammer
© Stefanie Moshammer
Le passé artificiel de Stefanie Moshammer
Les images de Stefanie Moshammer s’inspirent d’expériences personnelles et de phénomènes sociaux, à la recherche d’un équilibre entre...
À l'instant   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Avec Unique, le Hangar joue la carte du singulier pluriel
© Douglas Mandry, Retardant Panels (2023)
Avec Unique, le Hangar joue la carte du singulier pluriel
La nouvelle exposition du Hangar, à Bruxelles, met en lumière une vingtaine d’artistes qui ont choisi de transformer leurs photographies...
24 avril 2024   •  
Écrit par Eric Karsenty
La sélection Instagram #451 : la vie simple
© Melissa Alcena / Instagram
La sélection Instagram #451 : la vie simple
De la photographie de paysage à la nature morte en passant par l'autoportrait, notre sélection Instagram de la semaine est une ode...
23 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
© Chloé Milos Azzopardi
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
Du 6 au 28 avril, Maison Sœur accueille Ces corps qui nous traversent, une exposition qui nous inivite à repenser notre rapport au vivant.
19 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Le passé artificiel de Stefanie Moshammer
© Stefanie Moshammer
Le passé artificiel de Stefanie Moshammer
Les images de Stefanie Moshammer s’inspirent d’expériences personnelles et de phénomènes sociaux, à la recherche d’un équilibre entre...
À l'instant   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
© Christopher Barraja
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
La photographie analogique ne cesse de séduire un large public. Pour Fujifilm, Aliocha Boi et Christopher Barraja s’emparent de l’Instax...
26 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
© Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
Jusqu’au 19 mai 2024, la photographe Isabelle Vaillant investit L’Enfant Sauvage, à Bruxelles, en proposant une exposition rétrospective....
26 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Hailun Ma, pour l'amour du Xinjiang
© Hailun Ma, Kashi Youth (2023) / Courtesy of the artist, Gaotai Gallery and PHOTOFAIRS Shanghai (25-28 avril, Shanghai Exhibition Centre)
Hailun Ma, pour l’amour du Xinjiang
Que savons-nous de la vie des jeunes de la province du Xinjiang, en Chine ? Probablement pas grand-chose. C’est justement dans une...
26 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill