En ce mois d’avril, la ville de Bordeaux célèbre le 8e art. Parmi les nombreuses expositions à découvrir figure Fotohaus Bordeaux, qui présente sa troisième édition intitulée Le Littoral et ses territoires. L’Hôtel de Ragueneau accueille l’évènement jusqu’au 28 avril 2024.
En ce premier week-end d’avril, les températures bordelaises avoisinent déjà les 30°C. S’il ravit les cœurs, le soleil caressant semble néanmoins doucereux tant il rappelle la réalité des dérèglements climatiques. Ce thème se trouve justement au centre de la troisième édition de Fotohaus Bordeaux. Complétant le cycle des expositions alésienne et berlinoise, respectivement nommées Nature et société et Das Lebendige, Le Littoral et ses territoires aborde les problématiques écologiques qui découlent de l’activité humaine. Au travers d’une collaboration franco-allemande, l’évènement s’inscrit dans une volonté d’ouvrir le dialogue entre les cultures afin de proposer différents regards sur un même sujet. Dans le prolongement de cette idée, plusieurs performances, discussions, visites et projections de films photographiques seront organisées au sein de l’Hôtel de Ragueneau, qui abrite la manifestation jusqu’au 28 avril prochain. Un prix du public sera également décerné à la fin du mois.
L’étendard de la cause écologique
Le Littoral et ses territoires cristallise tour à tour les conséquences de la pollution, des inondations, de la sécheresse ou encore du manque d’eau, esquissant ainsi une fresque contemporaine de l’anthropocène. Au fil des salles se découvrent les projets de DOCKS Collective, Wiliam Daniels, Hélène David, Alice Pallot, Jean-Baptiste Monnin, Sébastien Sindeu, Wolfgang Aichner & Thomas Huber, Massimiliano Corteselli et Nancy Jesse. Sur les cimaises, les approches documentaires se confondent à des narrations poétiques, bercées par des légendes séculaires. Quelle que soit la démarche choisie, les photographes cherchent à susciter une réflexion auprès du public, mais également une réaction. « L’intention affichée est de rendre notre présent plus compréhensible pour nous permettre de nous investir dans les changements à adopter. Cette nouvelle édition met l’accent sur la nécessité citoyenne d’aborder la problématique de la transition écologique », renseigne l’évènement.
La nature éprouvée devient alors à la fois la muse de l’artiste et l’étendard de la cause écologique. DOCKS Collective a immortalisé les destructions que les inondations survenues en Allemagne en juillet 2021 ont engendrées. Portant un même attrait pour l’évolution du paysage, Sébastien Sindeu documente l’érosion du littoral atlantique. Toujours en France, William Daniels relève les traces d’évènements climatiques exceptionnels, Alice Pallot met en lumière les algues toxiques qui prolifèrent sur les côtes bretonnes quand Hélène David s’intéresse au sol vivant, qui s’opposent aux terres artificielles. Inspiré par La Divine Comédie de Dante Alighieri, Massimiliano Corteselli donne à voir les incendies volontaires du bassin méditerranéen, déclenchés dans le but de dégager des terrains en vue de nouvelles constructions. Enfin, portée par un poème de John Donne, Nancy Jesse nous emmène au cœur de l’île d’Eigg, territoire où l’existence s’organise en coopérative, et nous amène à nous demander si, face au déclin de l’environnement, un tel mode de vie peut être pérenne.