En 2016, George Georgiou a photographié 26 parades aux quatre coins des États-Unis. Un travail étudiant l’importance de tels rassemblements au cœur d’un pays divisé. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.
« Le chemin qui m’a mené vers
Americans Parade a été sinueux. En 2011, lors d’un voyage aux États-Unis, j’ai commencé à réfléchir aux routes composant le territoire américain, leur influence sur la société, leur manière d’encourager la ségrégation dans le pays. On voit parfois si peu de personnes dans la rue, là-bas, qu’on a l’impression de ne connaître un endroit que par sa réputation », raconte George Georgiou. C’est en 2016 que le photographe britannique a commencé son projet de livre (financé par une campagne Kickstarter), après avoir assisté à une parade dédiée à Martin Luther King à Long Beach, en Californie. « Contrairement à ma première visite de cet endroit, les rues étaient devenues vivantes, accueillant un flot constant de personnes », ajoute-t-il. Dans un monochrome unifiant les différentes étapes de son parcours, le photographe a capturé une collection de visages, d’expressions, de postures, de gestes, de looks, de comportements et d’identités. « Un récit complexe et ambigu, aux airs de tableaux modernes », commente-t-il.
Rassemblements dans un pays divisé
De janvier à décembre 2016, George Georgiou a assisté à 26 parades, dans 24 villes de 14 États. Des foules impressionnantes de New York ou Laredo, au Texas, aux plus petites réunions à Bâton Rouge, en Louisiane, ou à Ripley, en Virginie-Occidentale. « Il était important de toucher le plus grand nombre d’Américains possible. J’ai finalement passé très peu de temps à regarder les parades, préférant me concentrer sur leur public », s’amuse-t-il. Car ce sont les dynamiques entre les individus et la société qui fascinent le photographe. Publié par The New York Times au lendemain de l’investiture de Donald Trump, Americans Parade étudie l’importance des rassemblements au cœur d’un pays profondément divisé.
« Croyons-nous toujours à la notion de communauté aujourd’hui ? Ou sommes-nous de simples étrangers, nous tenant côte à côte, anonymes, dans la rue ? », s’interroge l’auteur. Dans l’ouvrage, les photographies se succèdent, donnant à voir la diversité des foules américaines. « Le nombre de visages représentés brouille la réalité, invitant une familiarité abstraite dans le travail. À chaque image, on se prend à chercher quelqu’un qu’on connaît. Je souhaite que tout le monde puisse se voir dans ces clichés, sans peur ni préjugé ; c’est bien sûr quelque chose que je ne peux contrôler », conclut George Georgiou. Avec cette parade d’Américains, l’artiste compose une fresque photographique détaillant les nuances de ces communautés éphémères. Celles qui « arrivent une demi-heure avant l’événement et repartent une demi-heure plus tard, laissant dans leur sillage des rues désertes et des déchets. »
Cet article est à retrouver dans Fisheye #39, en kiosque et disponible ici.
© George Georgiou