Nous poursuivons notre engagement auprès des photographes ukrainien·ne·s en leur offrant un espace de témoignages. Après Nazar Furyk, Taras Bychko, Lada Solovyova et Oleksandr Rupeta, c’est au tour de Marta Syrko de nous livrer son récit.
« Avant que la guerre soit déclarée, j’avais prévu de mettre au point une exposition. Au vue des récents événements, j’ai décidé de poursuivre ce projet pour recueillir des fonds afin d’aider mon pays. L’objectif de cette série ? Raconter l’histoire de l’Ukraine, et rappeler au public que ce que nous vivons est une véritable guerre. Des personnes innocentes sont tuées chaque jour – des enfants, des hommes et des femmes tombent, victimes de ce conflit terrifiant. Nous devons faire en sorte de ne jamais l’oublier.
Le jaune et le bleu que j’ai utilisé dans ces œuvres représentent les couleurs du drapeau ukrainien. Le bleu pour son ciel paisible, et le jaune pour ses champs généreux – qui sont tous deux attaqués constamment. L’eau a également toujours été un symbole important de la mythologie de mon pays. Elle est utilisée dans de nombreuses cérémonies religieuses, pour présenter les nouveau-nés à Dieu, pour laver les gens de leurs péchés, pour soulager les troubles de ceux aux portes de la mort… De nos jours, certain·es conservent encore chez eux de l’eau bénite, pour nettoyer et se protéger.
Les silhouettes dans mes images sont donc entourées d’eau. Elles représentent la renaissance, la rencontre avec Dieu, en tant que nouvelle nation, la volonté de se reconstruire et de s’élever, à nouveau. Pourtant, il n’y aura jamais suffisamment d’eau pour effacer les traumatismes et les douleurs de la guerre. Ils resteront ancrés dans notre génome, pour que les prochaines générations s’en souviennent. L’eau bénite ne peut purifier la crasse du meurtre de masse, ni ne peut laver le sang des mains des assassins.
J’entends passer un message au reste du monde : une tentative de faire le plus de bruit possible. Car cette guerre nous concerne tous·tes, peu importe où nous vivons et qui nous sommes. »
© Marta Syrko