Habiter les corps

23 novembre 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Habiter les corps

Avec On est des milliers à s’enfuir, la photographe française Mathilde Guiho s’intéresse à notre rapport au corps. Une étude poétique du mouvement perçu comme une recherche de la liberté.

« Ma démarche est proche de la fiction documentaire. C’est une sorte de géographie intime. Tâtonnant dans mon quotidien, dans mes souvenirs, je recherche la vulnérabilité des corps, les mystères intérieurs, comme une trace »

, confie Mathilde Guiho. Originaire des bords de la Loire, l’artiste est tombée amoureuse de la photographie après avoir acheté un boîtier argentique dans une brocante. Elle mêle, depuis, les formats, les couleurs et les monochromes pour réaliser des séries charnelles inspirées par le mouvement.

On est des milliers à s’enfuir, projet devenu récemment série photographique, se lit comme une étude sur les états des corps, des membres qui bougent, des gestes, des postures. Une collection d’images prises de manière spontanée, réunie autour d’un thème commun. « Le point de départ était une séance de prise de vue avec un couple d’amis qui m’ont offert leur intimité. J’ai ensuite continué ce travail avec des portraits, et des autoportraits qui semblaient contenir la même énergie », précise l’artiste.

© Mathilde Guiho

Un réel poétisé

Dans les clichés de Mathilde Guiho, les corps se caressent, s’enlacent, dansent et s’abandonnent. Ils vivent, au rythme d’une musique sourde qui guide leurs pas, leurs intentions. « Le titre de la série est une citation du philosophe Gaston Bachelard, tiré de son essai L’eau et les rêves. Il y défend un rapport au réel poétique et poétisé, dans les mots, mais aussi, et surtout, dans les sens », explique la photographe. « Nous vivons dans un monde où la relation au corps est très utilitaire, et nous sommes nombreux à partir à la recherche d’un autre rapport à soi, et aux autres, à vouloir s’ancrer et habiter nos corps », poursuit-elle.

Cadrages serrés, postures figées, alambiquées… À travers ses compositions, l’auteure souhaite proposer au regardeur une expérience immersive, partager avec lui cet élan, cette « impulsion de vie ». Les silhouettes dans les clichés évoquent une certaine tension, un point de fuite, comme une envie impérieuse de ressentir chaque parcelle de nos membres. Souvent isolés, les bras, les visages, les jambes traduisent un besoin de reconquête – celui de sa propre personne. Lancés dans une valse silencieuse, les corps capturés par l’artiste se tordent, à la recherche d’une liberté totale, une liberté gagnée grâce à la danse, à la musique… à l’art.

© Mathilde Guiho

© Mathilde Guiho

© Mathilde Guiho© Mathilde Guiho

© Mathilde Guiho

© Mathilde Guiho© Mathilde Guiho

© Mathilde Guiho© Mathilde Guiho

© Mathilde Guiho

Explorez
15 séries qui célèbrent l'automne
15 séries qui célèbrent l’automne
Le soleil se fait de plus en plus discret, les feuilles commencent doucement à changer de couleur, quitter sa couette le matin se fait de...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
Untitled, 2008 © Anna Di Prospero
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
La grande halle de la Villette accueille, du 9 au 12 octobre 2025, la nouvelle édition du Salon de la Photo. Rendez-vous en ce début...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 29 septembre 2025 : expositions et représentations
Speak the Wind, 2015-2020 © Hoda Afshar, Courtesy de l'artiste et de la Galerie Milani, Brisbane, Australie.
Les images de la semaine du 29 septembre 2025 : expositions et représentations
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye vous parlent de certaines des expositions du moment et de sujets qui...
05 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Billie Eilish, hasard et ambivalence : dans la photothèque de Jenny Bewer
La première photographie qui t’a marquée et pourquoi ? © Jenny Bewer
Billie Eilish, hasard et ambivalence : dans la photothèque de Jenny Bewer
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
03 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jeu de Paume : Luc Delahaye, le monde en suspens
© Luc Delahaye
Jeu de Paume : Luc Delahaye, le monde en suspens
Luc Delahaye, ancien grand reporter devenu artiste, transforme le regard documentaire en une méditation silencieuse sur le monde. De ses...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
Voyage au centre de la terre brésilienne
Périphérie de São Paulo, 2020 @Vincent Catala
Voyage au centre de la terre brésilienne
Comment représenter un pays de façon juste et nuancée, loin des clichés véhiculés autour de ce dernier ? L’impressionnant Île-Brésil de...
10 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Inframundo, de la série Planeta, 2024 © Julien Lombardi
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Du 11 octobre 2025 au 21 février 2026, la Villa Pérochon devient théâtre de sciences, présentant les travaux de Julien Lombardi, lauréat...
10 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
15 séries qui célèbrent l'automne
15 séries qui célèbrent l’automne
Le soleil se fait de plus en plus discret, les feuilles commencent doucement à changer de couleur, quitter sa couette le matin se fait de...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine