Jusqu’au 22 septembre 2024, le musée de l’Image d’Épinal accueille Icônes : les images fantasmées. Par le biais d’un parcours historique, l’exposition propose une réflexion sur la place et la portée de telles représentations dans nos sociétés contemporaines.
Nos imaginaires sont peuplés d’images que la popularité a érigées au rang d’icônes. Si le terme désigne d’abord exclusivement des peintures religieuses, il eut tôt fait de tomber dans le monde profane. Malgré ce changement de paradigme, la notion de guide qui découle de ces figures demeure pérenne tant le singulier récit qu’elles portent en elles, et qui les dépasse, parvient à rassembler des communautés. Jusqu’à l’automne, le musée de l’Image d’Épinal, situé dans les Vosges, présente une exposition autour de cette thématique. Intitulé Icônes : les images fantasmées, l’évènement revient sur les origines chrétiennes du concept avant de retracer son évolution jusqu’à notre époque contemporaine. En contrepoint, elle interroge leur portée et leur devenir dans une société qui ne cesse de se fragmenter davantage.
Des références communes
« Devenir une icône demande à s’inscrire dans un temps long, celui des mythes et des légendes. La personnalité, homme ou femme, qui acquiert ce statut est [censée] avoir une destinée hors du commun, à la fois épique et tragique. Son aura magnétique conquiert l’adhésion des foules et s’invite dans leur imaginaire. Peu importe la réalité ! L’icône est une création fictionnelle, une image fabriquée, un fantasme », indique d’emblée le préambule de l’exposition. À compter de l’invention de la photographie, au 19e siècle, l’élaboration et la diffusion des icônes sont rendues plus aisées. Pour nourrir leur propagande, de même que le culte de leur personnalité, des dictateurs comme Staline, Hitler ou Mao se servent notamment du médium en ce sens. Celui-ci participe à la maîtrise recherchée de l’histoire qu’ils désirent mettre en place.
Plus tard, la mondialisation, au tournant des années 1960, donnera une autre dimension aux images. Devenues marchandises, elles s’intègrent à la culture populaire et s’imposent comme des références communes qui cristallisent les transformations de nos sociétés. Dès les années 1950, Marilyn Monroe incarne un idéal féminin, engendré par l’industrie du cinéma américain, quand Brigitte Bardot représente la Française libre, indépendante et moderne. Les Beatles, quant à eux, mettent à mal les codes établis par les générations précédentes et signent une œuvre universelle. Preuve de leur influence, en dépit du temps qui passe, les contours de chacune et chacun – encore floqués sur des T-shirts, imprimés sur des affiches ou tout autre support – restent connus de toutes et tous.
Aujourd’hui, le concept d’icône semble s’être pris dans son propre piège. De fait, quoiqu’elle résulte du prolongement de la mondialisation, l’arrivée d’Internet et des réseaux sociaux a autant favorisé la circulation des images que le morcellement des communautés. Ces figures, de plus en plus nombreuses, se distinguent dès lors par leur aspect éphémère et traduisent une fracture culturelle. Ce constat, au cœur de l’exposition du musée de l’Image, invite ainsi à reconsidérer « nos comportements de zappeuses et de zappeurs ».