Il était une fois dans le Jutland…

09 septembre 2016   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Il était une fois dans le Jutland...
C’est un joli travail débuté en 2010 et toujours en cours, où il est question d’héritage familial, d’histoire et d’authenticité… Celle d’un petit village danois que son grand-père a fondé il y a bien longtemps. David Maurel, 30 ans, nous raconte ce minuscule patelin où il se rend tous les trois ans depuis qu’il est enfant. C’est l’histoire de “Il était une fois dans le Jutland…”. Propos recueillis par Marie Moglia.

Il était une fois dans le Jutland… Le nom de sa série évoque le début d’un conte. À juste titre puisque ses images d’un petit village du Danemark illustrent une réalité qui n’existe que dans les rêves. Figé dans le passé, Hjerl-Hede, est un havre de paix où le présent n’a pas sa place. Le photographe David Maurel s’y rend régulièrement depuis l’enfance. Son histoire avec le Danemark, c’est une histoire de famille : « C’est le grand-père de ma grand-mère maternelle qui a fondé ce village en 1930. C’était un homme assez riche qui a fait fortune dans le beurre en Russie. Il adorait la région et a acheté un terrain immense sur lequel il a fait construire des bâtiments inspirés du vieux Danemark. »

Situé dans la péninsule du Jutland, Hjerl-Hede semble un petit coin de paradis, propice à l’évasion. Ils sont 200 habitants à y vivre trois mois par an. Des agriculteurs de la région qui, les beaux jours venus, décident de changer d’époque. Lorsque David en parle, son visage devient pensif et son regard se perd dans les souvenirs. Il garde en mémoire ce qui rend la photo muette. Il évoque les « odeurs fortes », celles qui s’échappent de la scierie, de la confiserie d’où émane les effluves de réglisse, celles des animaux… Hjerl-Hede est la réminiscence d’un passé révolu, où tout se produisait à la main, où le temps n’était pas une denrée rare.

0628000506290007062900080629001006300005063200010632000906320010

C’est aussi l’écho de la propre enfance de David et de ses liens familiaux, étroitement liés à sa pratique photographique. Une passion qu’il tient de son père et de son grand-mère, qu’il a toujours connu « avec un boîtier entre les mains. » Et aussi des vieux exemplaires du magazine Géo qui traînaient chez lui, dans lesquels il se plongeait pendant des heures.

Nostalgie

Si sa série Il était une fois dans le Jutland… a été réalisée au Rolleiflex, David dispose aussi d’un Leica M6 hérité de son grand-mère. La photo c’est donc pour lui un héritage. Ses escapades au Danemark. Documenter le quotidien de ce village authentique et éphémère, c’est aussi une façon de préserver « une philosophie » qui, selon lui, est un héritage familial qui dépasse les générations, plus important que les biens matériels. Cet attachement à la transmission, à la famille, traduit un tempérament nostalgique. Une douce mélancolie que l’on retrouve dans les clichés que David nous a soumis. Tous réalisés à la lumière naturelle.

Parmi eux, ces deux portraits poignants d’une fillette et d’un pêcheur, qui sont ses préférés. « Lorsque j’ai photographié la gamine, il y avait cette lumière absolument parfaite, cette coïncidence entre le rose du foulard et de la chemise. C’était un moment très calme, parfait. Lorsque j’ai fais le portrait du pêcheur, il y avait ces brioches toutes chaudes qui sentaient si bon… Lui était un peu bourru, ronchons. J’aime bien les râleurs ! » Finalement, à travers cette très belle série, David essaye de faire perdurer autant que de transmettre, l’esprit d’une famille; la sienne. C’est un témoignage touchant d’une histoire inattendue et presque merveilleuse.

Extrait de "Il était une fois dans le Jutland..." / © David Maurel
Extrait de “Il était une fois dans le Jutland…” / © David Maurel
Extrait de "Il était une fois dans le Jutland..." / © David Maurel
Extrait de “Il était une fois dans le Jutland…” / © David Maurel

En (sa)voir plus

→ Découvrez l’ensemble du travail de David sur son site : david-maurel.format.com

→ Son Tumblr : davidmaurel.tumblr.com

→ Vous pouvez aussi le suivre sur Instagram : @david_maurel

Explorez
 Folk, voyage dans l’Angleterre ré-enchantée : portrait nuancé du druidisme
© Theo McInnes
 Folk, voyage dans l’Angleterre ré-enchantée : portrait nuancé du druidisme
Avec leur livre Folk, voyage dans l’Angleterre réenchantée, le journaliste Thomas Andrei et le photographe Theo...
27 novembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Art et journalisme : comment les photographes de Fisheye relatent l’histoire
© Andrea Sena
Art et journalisme : comment les photographes de Fisheye relatent l’histoire
Enjeux sociétaux, crise environnementale, représentation du genre… Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le...
27 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Kathryn McCool raconte la Nouvelle-Zélande des années 1980
© Kathryn McCool
Kathryn McCool raconte la Nouvelle-Zélande des années 1980
Jusqu’au 14 décembre, le Centre for Contemporary Photography de Collingwood présente P.NORTH une exposition de Kathryn McCool, faisant...
25 novembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Mode et séduction : Austn Fischer allie art et Tinder
© Austn Fischer
Mode et séduction : Austn Fischer allie art et Tinder
Installé à Londres, Austn Fischer puise dans les ressorts de la communauté LGBTQIA+ pour interroger les notions traditionnelles de genre....
21 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Father : Diana Markosian fige ses retrouvailles avec un père dont elle a été séparée
Extrait de Father (Atelier EXB Paris, 2024) © Diana Markosian
Father : Diana Markosian fige ses retrouvailles avec un père dont elle a été séparée
Dans Father, Diana Markosian prolonge le récit intime qu’elle avait entamé avec Santa Barbara, qui revenait alors sur son départ...
28 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Copyright Swap : Tamara Janes, sans feu ni droit
© Tamara Janes
Copyright Swap : Tamara Janes, sans feu ni droit
Sous le charme de la collection d’images de la New York Public Library, Tamara Janes conçoit Copyright Swap comme une manière de rendre...
28 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
 Folk, voyage dans l’Angleterre ré-enchantée : portrait nuancé du druidisme
© Theo McInnes
 Folk, voyage dans l’Angleterre ré-enchantée : portrait nuancé du druidisme
Avec leur livre Folk, voyage dans l’Angleterre réenchantée, le journaliste Thomas Andrei et le photographe Theo...
27 novembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Art et journalisme : comment les photographes de Fisheye relatent l’histoire
© Andrea Sena
Art et journalisme : comment les photographes de Fisheye relatent l’histoire
Enjeux sociétaux, crise environnementale, représentation du genre… Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le...
27 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas