Le Studio de la MEP présente Au bord du volcan, une exposition d’Ilanit Illouz. Cette expérimentation visuelle et plastique à partir de l’histoire géologique de l’Etna est à découvrir jusqu’au 24 août 2025 au Studio de la MEP.
Le Studio de la MEP accueille, cet été, Au bord du volcan, la nouvelle exposition d’Ilanit Illouz, artiste photographe dont le travail se situe à la croisée de la recherche anthropologique, de l’expérimentation plastique et d’une attention aiguë portée aux territoires en tension. Pour cette nouvelle série, c’est en Sicile, sur les flancs de l’Etna, qu’elle a poursuivi son exploration des strates géologiques, historiques et politiques du paysage. Depuis plusieurs années, elle développe une œuvre qui interroge la mémoire des lieux et les récits invisibilisés qu’ils contiennent. Qu’il s’agisse des rivages en transformation de la mer Morte – zone à la fois frontière et blessure – ou des gisements de sel comme mémoire chimique d’un monde en mutation, l’artiste choisit des espaces marqués par des conflits passés et présents, qu’elle approche à travers une image lentement construite, traversée de matière, de silence et de métamorphose. Diplômée de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, exposée dans de nombreuses institutions en France et à l’international, Ilanit Illouz poursuit une démarche singulière où la photographie devient à la fois outil de révélation, de résistance et de transmutation.
Un espace minéral, une histoire souterraine
Pour Au bord du volcan, Ilanit Illouz s’est rendue aux abords d’une grotte formée par une coulée de lave solidifiée, sur les pentes de l’Etna. Ce lieu, à la fois concret et symbolique, devient le point de départ d’un récit en images qui trouble les échelles et brouille les repères. Les photographies exposées plongent le spectateur dans un espace minéral où chaque fragment de roche semble porteur d’une histoire souterraine. En l’absence de toute figure humaine, ce sont pourtant des corps que l’on croit deviner dans ces sédiments figés, comme si les pierres avaient conservé en elles les traces de présences disparues. À la manière des célèbres volcanologues Katia et Maurice Krafft, dont l’approche était à la fois scientifique et profondément poétique, l’artiste observe la matière avec une intensité presque amoureuse. Elle capte le mouvement invisible de la lave figée, mais aussi le mystère plus vaste que recèle ce paysage tellurique. L’Etna, dans son activité continue, devient le théâtre d’un dialogue entre le temps géologique et notre temporalité humaine – brève, fragile, éphémère. Dans cette série, la photographe poursuit son travail de matérialisation de l’image : les tirages sont cristallisés avec du sel et des cendres – éléments prélevés lors de précédents voyages, comme autant de témoins chimiques et affectifs. Ce geste, à la lisière de l’alchimie, souligne combien, chez Ilanit Illouz, la photographie est moins un enregistrement qu’un processus : une lente transformation du monde, une tentative de le rendre sensible autrement.