Dans le cadre de la Grande commande pour le photojournalisme de la BNF, Léo d’Oriano a suivi, entre 2021 et 2022, un groupe d’adolescent·es. Intitulée Ils en avaient 16, la série renvoie à l’âge qu’ils et elles avaient au début de la pandémie. Léo d’Oriano s’attache à capturer ces jeunes au cours des étapes importantes que suggère cette période de la vie, alors impactée par le contexte mondial. Zoom sur un couple qui a particulièrement marqué le photographe.
Joey et Océane construisent leur vie comme on bâtit une forteresse : lentement, ensemble. Onze ans déjà qu’ils tiennent. À 23 ans, ils avancent côte à côte, au travail comme à la maison : dans chaque souvenir fabriqué à deux. Une fusion qui dérange les clichés, une intimité qui questionne notre époque. Ce couple, Léo d’Oriano l’a suivi pendant deux ans. Avec la patience d’un ami, il a photographié cette résistance intime. Entre amour et silences partagés, il raconte une histoire où la tendresse devient une armure. « J’ai rencontré Johanna, la sœur de Joey, dans un café, se souvient le photographe. Elle m’a demandé ce que je faisais là. Je lui ai parlé de mon projet pour la grande commande photographique de la BnF, La France sous leurs yeux. Elle m’a confié que son frère vivait avec Océane depuis leurs 12 ans. Onze ans d’amour à cet âge-là : j’ai voulu voir ça. Une semaine plus tard, je les rencontrais. Leur attitude, leur union, cette sincérité… C’était évident. »
7,50 €
Un amour qui résiste
En Bourgogne, leur décor dit tout. Mariés depuis cinq ans, Joey et Océane partagent leurs journées entre le centre d’appels où ils travaillent, et leur maison qu’ils transforment pièce par pièce. Les moyens sont limités, mais l’espace devient une protection face au monde environnant. Les murs sont assortis à leurs cheveux – longs, teints de la même couleur – comme un miroir de leur fusion. Dans le jardin, une caravane sert de refuge à Chloé, la petite sœur d’Océane. En attendant d’avoir des enfants, le couple dorlote ses sept chats et sa chienne. Départs familiaux, premiers appartements pris trop tôt, responsabilités précoces… Rien ne les a séparés.
« Leur lien est une certitude, confie le photographe. Les épreuves l’ont renforcé. Ce qui me frappe, poursuit-il, c’est que tous deux échappent aux codes des couples jeunes : pas d’excès, pas de jeu de rôles. Leur amour repose sur autre chose. Et c’est rare. »
La suite de cette article est à retrouver dans Fisheye #73.