Dana se souvient de l’obsession de sa mère pour les albums de famille, l’application précieuse avec laquelle elle en prenait soin. Elle se rappelle aussi le temps passé devant ses images, les histoires de ces proches qu’elle n’avait pas connu que sa mère lui répétait inlassablement. Et les prises de bec entre ses parents, quand ils ne parvenaient à se mettre d’accord sur l’identité de telle ou telle personne sur la photo. C’est ainsi que Dana, qui plus tard est devenue photographe, a développé un véritable intérêt pour la photo de famille, l’argentique et une vraie sensibilité pour la notion de mémoire.
Il y a six ans, elle se met à collectionner les clichés d’inconnus qu’elle chine dans les brocantes ou sur les marchés aux puces. C’est ainsi que progressivement, 1 of 1 of a kind, voit le jour. Au départ, l’idée lui vient alors qu’elle travaille sur un projet universitaire, Best with a dash of worse. « Je devais créer une fiction familiale. Mais je revenais sans cesse à ma propre histoire personnelle. Je ne voulais pas parler de ma famille mais je n’arrivais pas à m’en détacher. Alors j’ai commencé à m’intéresser aux photos d’inconnus, auxquelles je n’étais pas intimement attachée. »
Des milliers d’images uniques
Si Best with a dash of worse est une fiction, le projet qui en découle, 1 of 1 of a kind, est conçu comme un nouvel espace d’exposition pour des images abandonnées, rejetées de leurs albums et qui ont cessé d’être des souvenirs.
« Je crois que ces images, aujourd’hui plus que jamais, sont très importantes » explique Dana, « elles sont uniques en leur genre [ndlr, “one of a kind” en anglais]. Elles sont aussi bien plus qu’un objet nostalgique agréable à regarder. Ce sont des histoires que l’on ne pourra plus raconter. Les gens qui sont dessus évoquent une époque qui n’est plus; ils font partie de notre histoire, de notre culture et plus particulièrement, de notre patrimoine, à nous photographes. »
Pour leur redonner vie – c’est-à-dire, les rendre visibles à nouveau – Dana classe, trie, colle et scanne les clichés qu’elle décide de retirer de sa collection privée car, selon elle, ces photos appartiennent à tout le monde. Le web est donc le meilleur espace d’exposition. 1 of 1 of a kind apparaît ainsi sur le site de Dana. Elle ouvre aussi un compte Instagram dédié. Pour la jeune femme, chacune des milliers d’images qu’elle collecte depuis six ans est unique. Elle considère que c’est son travaille de les préserver et de les rendre accessible. « Je voulais pouvoir partager leur valeur et leur histoire, afin de leur donner une nouvelle place dans notre culture digitale. »
Dana les trouve fascinantes. « D’une certaine façon, je pense que j’aurais aimé vivre à l’époque où elles ont été prises », nous confie la photographe, « J’aime regarder ces gens que je ne connais pas et dont pourtant je me sens proche. En collectionnant ces photos, en créant mon art autour d’elles, j’ai découvert ce que la photographie représente pour moi. J’ai appris beaucoup de ces photographes anonymes. »
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Découvrez toutes les images du projet 1 of 1 of a kind ICI
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