ImageSingulières 2023 part d’un constat aussi dur que nécessaire : le monde dans lequel nous vivons ne prends pas une direction encourageante. Et puisque cacher cette réalité reviendrait à se déresponsabiliser, cette édition met en avant des reporters de talent qui nous racontent l’actualité sans filtres, tout en tissant des trames narratives pleines d’espoir. L’humanité et ses défis communs, sont représenté·es par ces photographes qui entendent sensibiliser les consciences et susciter l’action fédératrice et transformatrice. Pandémie, conflits sociaux, crise climatique, montée des extrêmes droites, guerre en Europe… Par sa programmation, le festival prend le pouls du monde et nous pose des questions cruciales pour la survie des démocraties.
Pour cette édition, ImageSingulières se réapproprie le centre-ville de Sète en replaçant son cœur au Centre photographique documentaire et en installant ses soirées de projections du week-end d’ouverture en extérieur. La durée des expositions sera aussi allongée d’une semaine et jusqu’à la fin septembre pour certaines. Outre le résident de cette année, Lorenzo Castore, d’autres noms de relief rejoignent la programmation, comme Michel Vanden Eeckhoudt, à qui l’on consacre une rétrospective. Ce haut moment de l’édition 2023 aura lieu dans la Chapelle du quartier haut et sera l’occasion de revenir sur le parcours de ce documentariste hors pair, ardent défenseur du noir et blanc.
© Michel Vanden Eeckhoudt
Michel Vanden Eeckhoudt : un regard sur le photographe des contrastes
Cette rétrospective marquera sans doute l’un des temps forts d’ImageSingulières 2023. Disparu en 2015, le photographe belge a développé, en près de quarante années, une pratique à la fois simple et obsessionnelle. Travaillant dans l’économie de moyens, Michel Vanden Eechoudt a fourni une interprétation singulière de la photographie documentaire – l’une des plus originales de la scène contemporaine. Avec un humour teinté d’une certaine forme d’inquiétude, le photographe sonde la condition humaine, tout comme la condition animal : il est l’un des premiers à dénoncer les abus humains commis à l’encontre du reste du vivant. Toute sa recherche tourne autour de l’équilibre entre réalité et espoir, cruauté et beauté, absurdité et bêtise, tendresse et dénonciation de l’injustice. « Prenez deux visiteurices et placez-les face à une même photo de Vanden Eeckhoudt. Là où l’un·e se sera esclaffé, l’autre aura ressenti comme une sourde angoisse. Et tous ·tes deux auront vu juste » écrivait le journaliste du Soir Jean-Marie Wynants.
Vanden Eeckhoudt pratique une photographie des contrastes, des oppositions, des perceptions multiples en illustrant toute la complexité du monde et de ses milliers de lectures possibles. De ses zoologies à ses travaux engagés sur l’immigration en Belgique, en passant par ses séries iconiques sur les concours de beauté pour chiens et chat, la rétrospective propose un parcours partant à la découverte d’une figure majeure du 8e art. « Avec Vanden Eeckhoudt, l’on n’est jamais confronté à l’évènement, aux grandes heures de l’histoire, mais aux interstices du quotidien, en de petites cérémonies où l’étrange et l’absurde ne sont pas étrangers. Sa photographie est l’endroit de petites fêtes personnelles, aériennes comme le ballet d’un danseur sur fond de Taj Mahal, ou celui de son fils Nicolas, bondissant dans un jardin public », écrit l’historien Xavier Cannone dans le livre dédié au photographe (Éditions Le Bec en l’air). Un événement important, à découvrir dans la Chapelle du quartier haut de Sète.
© Michel Vanden Eeckhoudt
© Felipe Fittipaldi
© Natela Grigalashvili
© Ronan Guillou
à g. © Richard Pak, à d. © Lorenzo Castore
Image d’ouverture : © Michel Vanden Eeckhoudt