Dans une exposition personnelle accueillie par le Studio de la MEP, Iris Millot dévoile sa série Le soleil passe à l’embranchement, qui revient sur l’histoire de sa grand-tante, ancienne militante du Mouvement de Libération des Femmes. À découvrir jusqu’au 7 avril.
Lauréate du Prix Dior de la Photographie et des Arts Visuels pour Jeunes Talents 2023, Iris Millot récolte, dans son travail, des récits autour de nos relations avec nos milieux de vie. Des histoires intimes et politiques, particulières et collectives, qui s’expriment dans une photographie narrative, symbolique, dépouillée d’ornements. Jusqu’au 7 avril, sa série Le soleil passe à l’embranchement est exposée au Studio de la Maison Européenne de la Photographie. Ce conte engagé est l’histoire de sa grand-tante, ancienne militante du Mouvement de Libération des Femmes. Le portrait d’Hélène, cette femme farouchement libre au style de vie radical, mêle fiction et reportage. C’est la trajectoire d’une vie, évoquée par des objets du quotidien et des paysages emblématiques. Dans une interview pour le Harper’s Bazaar, elle explique : « Ce projet est né d’une rencontre très intime et forte. J’ai dû inventer mes propres protocoles, mes propres processus de travail pour traverser ces archives, les trier, les capturer mais aussi enregistrer Hélène, couper les bandes-sons… J’ai effectué un travail presque archéologique en explorant différentes strates ; intimes et sociales. »
Une édition féministe et politisée
Au moment où Iris Millot décide de retourner voir sa grand-tante qu’elle n’a pas vue depuis douze ans, la France est plongée dans le grand mouvement social contre la réforme des retraites et contre la loi Darmanin. Hélène, cette ancienne militante du MLF, incarne une époque. Son regard sur l’actualité est précieux. Sa vie a été traversée par les luttes féministes et elle fait partie de ces pionnières qui ont ouvert la voie, entre autres, à l’épanouissement d’une édition féministe et politisée. Face à des personnages comme Hélène, comment garder une distance entre intime et politique ? Comment ne pas lier une trajectoire individuelle à celle de toute une société ? Le soleil passe à l’embranchement, la série photographique qui naît de cette rencontre, s’impose comme une plongée dans une archive personnelle qui détient, en partie, les clés de compréhension du monde contemporain. Hélène vit dans un cadre bien particulier : elle a réinvesti une ancienne ferme, dans laquelle elle se sent connectée au vivant et assume une autonomie (presque) totale. Cette série est l’histoire d’une reconnaissance : celle de deux femmes qui, à distance de quelques décennies, se voit l’une dans l’autre et mettent en commun une vision du monde similaire. C’est une archive familiale qui témoigne du changement d’un monde.