Isabel Muñoz à Portrait(s) : le corps en majesté

20 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Isabel Muñoz à Portrait(s) : le corps en majesté
© Isabel Muñoz
Nu
© Isabel Muñoz

Jusqu’au 28 septembre 2025, le festival Portrait(s) accueille une rétrospective d’Isabel Muñoz, grande figure de la photographie espagnole, à Vichy. Corps hybrides, tirages au platine et récits d’altérité composent une œuvre sensible et puissante. Le parcours s’étend jusqu’à l’esplanade du lac avec une exposition en plein air.

À Vichy, la photographie prend corps, au sens propre comme au figuré. Pour sa nouvelle édition, Portrait(s) investit les murs de l’ancien établissement thermal avec une rétrospective saisissante consacrée à Isabel Muñoz, figure majeure de la photographie espagnole. À ses côtés, le festival déploie un parcours sensible et pluriel, fidèle à son ADN. Meyer invite une trentaine de Vichyssoises à « léviter » dans les cieux de la ville, pour un hommage poétique aux rêves suspendus, avec une série titrée Les rêves des femmes volantes. Namsa Leuba, avec son approche flamboyante, célèbre la diversité culturelle des étudiant·es du CAVILAM-Alliance française, venu·es du monde entier. Patrick Tourneboeuf, lui, poursuit sa mise en lumière du patrimoine européen avec un regard élégant porté sur Karlovy Vary, cité thermale de République tchèque.

Le festival poursuit aussi sa mission de transmission, essentielle depuis sa création. À travers des ateliers en milieu scolaire, des cartes blanches sonores comme La voix du regard ou encore le dispositif Des mots pour voir, les images entrent en résonance avec les récits du territoire. Cette année, les habitant·es de Vichy livrent leur lecture des œuvres de Valérie Jouve, dans une captation sensible et collective. « Nous voulons que chaque image soit une rencontre, un moment partagé, affirme Fanny Dupêchez, directrice du festival. Portrait(s) n’est pas qu’un espace d’exposition : c’est un lieu de conversation entre les artistes, les publics et les villes. » Pour la directrice artistique, Portrait(s) n’est pas un simple festival de photographie. C’est un manifeste vivant pour une esthétique de l’attention, une éthique du regard. Un lieu où l’on se rencontre, à travers les images, les sons, les voix. Et où, peut-être, on se transforme un peu soi-même.

Repas
© Omar Victor Diop & The Anonymous Project
Homme tatoué
© Isabel Muñoz

Isabel Muñoz : la dignité du vivant sous toutes ses formes

Avec La Main gauche de la nuit, Vichy propose un regard d’ampleur sur le parcours d’Isabel Muñoz, à travers plus de 80 œuvres qui traversent quatre décennies de création. De ses premières images captées en Espagne dans les années 1980 à ses plus récentes recherches autour des corps technologiquement modifiés, l’exposition dévoile une œuvre habitée par les tensions du désir, de l’isolement et de la transformation. En choisissant le titre d’un roman d’Ursula K. Le Guin, elle affirme aussi son inscription dans un imaginaire visionnaire, où les frontières de l’identité et du genre sont sans cesse redéfinies. Le lien qu’Isabel Muñoz tisse avec celles et ceux qu’elle photographie est d’une intensité rare, mêlant force expressive et profonde écoute. Pour François Cheval, co-commissaire, elle révèle « une forme de beauté qui ne craint ni la douleur, ni le vertige ».

L’exposition est une immersion puissante dans plus de trente ans d’un travail viscéral, charnel, traversé par les enjeux du corps, du genre et de l’altérité. « Isabel Muñoz n’enferme jamais ses sujets, elle les révèle, explique Fanny Dupêchez. Ce qu’elle donne à voir, c’est la dignité du vivant sous toutes ses formes, dans un dialogue constant entre puissance et vulnérabilité. » Photographe de l’intime et du politique, Isabel Muñoz livre un véritable manifeste visuel. Tirages au platine, corps en mutation, êtres cyborgs et danses ancestrales composent une œuvre futuriste, grave et libre. « Ce sont des œuvres qui portent une mémoire, une vibration unique. Elles ne se contentent pas de représenter : elles incarnent », souligne la directrice du festival.

Portrait d'un homme tatoué
© Isabel Muñoz
Femme volante
© Meyer / Tendance Floue
Portrait de femme avec des fleurs
© Namsa Leuba
Femme entourée de palmiers
© Namsa Leuba
À lire aussi
Isabel Muñoz : une beauté multiforme
Isabel Muñoz : une beauté multiforme
La Galerie Esther Woerdehoff présente jusqu’au 30 novembre L’Anthropologie des sentiments, une anthologie de…
09 novembre 2018   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Anouk Durocher : portrait d'une révolution intime
© Anouk Durocher
Anouk Durocher : portrait d’une révolution intime
Nous avons posé quelques questions à Anouk Durocher, artiste exposée à Circulation(s) 2025. Dans son travail, elle explore l’approche…
08 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Le festival Portrait(s) dévoile sa programmation
Le festival Portrait(s) dévoile sa programmation
La ville de Vichy accueille du 14 juin au 8 septembre 2019 la septième édition du festival Portrait(s), rendez-vous incontournable pour…
20 mars 2019   •  
Écrit par Maria Teresa Neira
Explorez
Flore Prébay : De deuil et de papier
Iceberg, de la série Deuil blanc © Flore Prébay
Flore Prébay : De deuil et de papier
Du 16 octobre au 30 novembre 2025, la Fisheye Gallery présente Deuil blanc, de Flore Prébay, dans le cadre des Rencontres photographiques...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Polaraki : une collection de polaroids d'Araki sort d'un appartement parisien
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler
Polaraki : une collection de polaroids d’Araki sort d’un appartement parisien
Jusqu'au 12 janvier 2026, le musée des arts asiatiques - Guimet accueille une collection foisonnant de polaroids, issue de l’œuvre du...
06 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #561 : Julie Brochard et Anna Prudhomme
© Anna Prudhomme
Les coups de cœur #561 : Julie Brochard et Anna Prudhomme
Julie Brochard et Anna Prudhomme, nos coups de cœur de la semaine, ont puisé l’inspiration dans la maison de leurs grands-parents. La...
06 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Grace Land : Nick Prideaux transcrit son expérience de la perte
© Nick Prideaux
Grace Land : Nick Prideaux transcrit son expérience de la perte
Dans le cadre d’une résidence artistique à la Maison de la Chapelle, au cœur de la Provence, Nick Prideaux a imaginé Grace Land. À...
04 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Inframundo, de la série Planeta, 2024 © Julien Lombardi
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Du 11 octobre 2025 au 21 février 2026, la Villa Pérochon devient théâtre de sciences, présentant les travaux de Julien Lombardi, lauréat...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
15 séries qui célèbrent l'automne
15 séries qui célèbrent l’automne
Le soleil se fait de plus en plus discret, les feuilles commencent doucement à changer de couleur, quitter sa couette le matin se fait de...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Flore Prébay : De deuil et de papier
Iceberg, de la série Deuil blanc © Flore Prébay
Flore Prébay : De deuil et de papier
Du 16 octobre au 30 novembre 2025, la Fisheye Gallery présente Deuil blanc, de Flore Prébay, dans le cadre des Rencontres photographiques...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Oxalis (détail), 2024 © Pooya Abassian
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Lee Ufan Arles et la Maison Guerlain ont annoncé hier, à la Guerlain Academy, le nom du troisième lauréat de leur prix Art &...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger