Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera visible à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris jusqu’au 13 avril 2025. Une publication éponyme accompagne l’événement. Elle comprend des textes d’Emilie Goudal et un entretien avec Clément Chéroux.
Karim Kal, né en 1977 à Genève, est le treizième lauréat du prix HCB, qu’il a remporté en 2023 pour son projet Haute Kabylie. Ce travail photographique explore les nuits de cette région montagneuse d’Algérie, située au sud de Tizi Ouzou, la capitale régionale de l’est d’Alger. À travers ses images, il capte l’atmosphère singulière de ces paysages, où l’obscurité révèle une autre lecture du territoire, entre présence silencieuse et traces d’histoire. Karim Kal sera présent à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris avec l’exposition Mons Ferratus, visible jusqu’au 13 avril 2025. « Mons Ferratus » était le nom que les conquérants Romains donnaient au massif du Djurdjura, véritable protagoniste de cette série. Une publication éponyme est tirée de cette exposition. Elle comprend des textes d’Emilie Goudal et un entretien entre Karim Kal et Clément Chéroux.
Une histoire tiraillée entre conflits et reconstructions
À travers la série Mons Ferratus, Karim Kal poursuit son exploration des paysages nocturnes en s’appuyant sur une puissante torche flash, révélant des fragments de réalité plongés dans l’obscurité. Ses images, par leurs jeux de lumière et de composition, évoquent le vocabulaire de la peinture abstraite de la seconde moitié du XXe siècle, oscillant entre figuration et disparition. Au travers de ses recherches émerge une histoire tiraillée entre conflits et reconstructions. Au-delà de la simple description du paysage – caractérisé par ses plantes de montagnes, ses oliviers et son sable rouge – le photographe souhaite véhiculer une nouvelle vision et un nouveau récit de son territoire d’origine, en mettant en relief l’imbrication des marques de l’histoire et des topographiques. Petit-fils de Kabyle, il voit dans la Kabylie un symbole de résistance à l’impérialisme et à la colonisation. Il établit un parallèle entre sa nature âpre et le caractère de ses habitant·es, façonné·es par des siècles de luttes. Toutefois, dans cette série, il ne cherche pas à livrer un récit autobiographique ; il tente plutôt de capter une forme de solidité inscrite dans le paysage, en s’intéressant à des endroits marginaux, tels que les prisons, les hôpitaux et les banlieues, qui lui semblent particulièrement déterminés par des rapports de pouvoir. Grâce à son usage particulier de la lumière, il révèle la charge symbolique de ces lieux et les traces laissées par l’histoire de la résistance.
176 pages
45 €