« C’est une revue qui se tourne vers le monde qui se lève, révèle des voix, des images, des courages, des silences, et croise les regards pour raconter notre histoire. »
Nouveau « mook » indépendant et engagé, Kometa se tourne vers l’Est de l’Europe et fait appel à de grand·es auteurices afin de raconter, et d’éclairer notre histoire. Il a lancé récemment son premier numéro.
« Née du choc de l’invasion russe de l’Ukraine et de l’envie de mieux appréhender un monde qui nous dépasse, Kometa se tourne vers l’Est, déclare Léna Mauger, rédactrice en chef de la revue. Notre but est de changer de regard, de bouger les certitudes. On mobilise des auteurices de l’Est, de l’Ouest et du Sud, qui savent raconter la marche du monde et la vie des personnes. Des photographes qui parfois se cachent ou prennent tous les risques pour montrer ce qu’ils voient. Des penseur·ses, des cartographes, des cinéastes, des historien·nes… » Véritable plongée dans l’actualité et la culture des pays de l’Est, la revue Kometa est une occasion unique de prendre la mesure de ce qui se passe à notre époque, c’est-à-dire avec le temps du recul et de l’observation, et de l’écriture. C’est la question de l’impérialisme en particulier qui fait le cœur de son premier numéro. Ses contributeurices s’intéressent ainsi en profondeur aux évènements et au devenir d’une région du monde qui concentre les grands enjeux et problématiques de notre époque contemporaine (nationalisme, colonialisme, totalitarisme…).
« Kometa signife « comète » en ukrainien, en russe, en tchèque, en macédonien, en tadjik, en tatar, et dans des dizaines d’autres langues à travers la planète, comme l’hawaiien, explique Léna Mauger. Dans l’Antiquité, une comète transperçant la nuit était annonciatrice d’un événement. Kometa ne regarde pas cet astre aveuglant mais ce qu’il éclaire, en prenant le temps de le comprendre. La nouvelle guerre en Israël/Palestine éclaire tragiquement ce besoin de prendre du recul. » Pour offrir une véritable perspective sur notre monde contemporain, Kometa se nourrit de nombreux médiums, et propose plus de 200 pages de reportages, d’enquêtes, d’entretiens, de récits photographiques et de débats d’idées. « C’est une revue qui se tourne vers le monde qui se lève, révèle des voix, des images, des courages, des silences, et croise les regards pour raconter notre histoire », poursuit la rédactrice en chef.
Une revue pluridisciplinaire qui fait la part belle à la photographie
La particularité de la revue ? Donner toute sa place au journalisme littéraire dans le paysage médiatique contemporain. Pour cela, Kometa mêle le travail de photographes et photojournalistes aux textes d’écrivain·es ou de reporters. « On dit souvent qu’un texte sans photo est aveugle, et qu’une photo sans texte est muette, déclare Paolo Woods, directeur photo de la revue. Je ne suis pas tout à fait d’accord. Chez Kometa, la photo n’illustre pas un texte, un texte n’explique pas la photo, ce sont deux langages qui cohabitent. C’est pour cela que nous employons toutes les écritures photographiques, documentaires, artistiques, ou personnelles. Nous sommes une revue tournée vers l’Est, mais avec un œil à l’Ouest, donc avec un strabisme assumé ! »
Pour Paolo Woods, ce que s’efforce de faire la revue n’est pas tant de « publier les “grands noms de la photographie” que des travaux importants, qu’il s’agisse de photographes célèbres ou de talents moins connus », explique-t-il. À titre d’exemple, les lecteurices pourront découvrir dans le premier numéro de la revue le travail stupéfiant de Yelena Yemchuk, Rafal Milach, Sasha Kurmaz, ou encore le nouveau travail d’Alexandre Gronsky. Kometa paraîtra quatre fois par an, et son premier numéro est désormais accessible en librairie, Relay, et sur le web via un abonnement.