« De temps en temps, une personne habitant la région passait avec son chien ou s’asseyait sur un banc pour profiter du soleil. Elle m’observait avec curiosité tandis que je me déplaçais avec ma perruque et mes vêtements pailletés, testais la lumière et prenais la pose. »
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Kourtney Roy, lauréate, en duo avec le compositeur Mathias Delplanque, de la 6e édition du prix Swiss Life à 4 mains. Pour Fisheye, la photographe revient sur l’un des tirages de leur série Last Paradise, qui sera à découvrir à la villa Pérochon, à Niort, du 5 avril au 25 mai 2025.
Il y a quelques mois, le jury du prix Swiss Life à 4 mains s’est accordé à récompenser Kourtney Roy et Mathias Delplanque. La photographe et le compositeur avaient soumis l’idée d’un road trip visuel et musical sur la côte Adriatique, en Italie, qui a pu voir le jour depuis lors. Réalisé en plein hiver, celui-ci consiste à montrer à quoi ressemble la région une fois la saison estivale achevée. La série, intitulée Last Paradise, a tout d’abord été révélée sous le soleil des Rencontres d’Arles de 2024. Après une escale au Jeu de Paume de Paris en février, le projet reprend la route. Il gagnera la villa Pérochon, à Niort, du 5 avril au 25 mai prochain. Après cela, il fera l’objet d’une performance, le 7 juin, au festival Art Rock de Saint-Brieuc, puis sera présenté une dernière fois au Jeu de Paume de Tours, du 20 juin au 20 septembre. Aujourd’hui, Kourtney Roy nous raconte les dessous de « Slide », l’une des compositions de ce travail collaboratif qui entremêle musique et 8e art.
Errances et clichés
« Par un matin couvert, nous sommes allés en bord de mer pour prendre quelques photographies. Le compositeur Mathias Delplanque est venu regarder comment je procédais et trouver l’inspiration sur la plage vide. Voir ce toboggan, qui se dresse comme une sentinelle gardienne des rêves ordinaires et des conquêtes de l’adolescence, m’a surprise. Pendant que j’installais mon boîtier et que j’ajustais la lumière pour ce tirage, deux types traînaient derrière le bar fermé à côté de nous. Ils écoutaient de la techno, buvaient de la bière et fumaient des joints. Nous les entendions rire et chanter sur la musique dépassée. C’était une atmosphère parfaite pour ces séances photo.
La plupart des journées de prise de vue se sont déroulées de la même manière : nous errions le long de plages isolées et immortalisions des images autour de bars et de restaurants barricadés. De temps en temps, une personne habitant la région passait avec son chien ou s’asseyait sur un banc pour profiter du soleil. Elle m’observait avec curiosité tandis que je me déplaçais avec ma perruque et mes vêtements pailletés, testais la lumière et prenais la pose. Mais elle finissait toujours par s’éloigner, comme si le fait de voir une femme glamour poser seule devant un appareil photo sur un bord de mer en hiver était un événement courant. »