La beauté de l’abandon

15 février 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
La beauté de l'abandon

La jeune photographe Kathleen Meier utilise l’image pour essayer de comprendre le monde qui l’entoure. Sa série Huis Clos nous propose un voyage psychologique où la poésie côtoie la claustrophobie.

Sombres et mystérieuses, les photographies qui peuplent Huis Clos nous parlent d’enfermement. Pourtant, ici, l’homme est absent. Spleen et étrangeté s’échappent de ces lieux vides, où la solitude est plus que suggérée. « J’utilise la photographie pour exprimer des sensations, des réflexions personnelles, pouvant être universelles », explique Kathleen. « Ainsi, je peux parler avec tout le monde ». C’est un véritable récit autour de l’isolement qu’elle propose à son public. « Huis Clos est un enfermement suggestif, on y réagit comme face à une situation sans issue, au sens littéral comme au figuré. » Douce nostalgie et sentiment d’oppression se bousculent face au calme inquiétant de ces espaces abandonnés.

Psychologie esthétique

La dimension psychologique des images de Kathleen Meier est primordiale. Huis Clos s’est construit doucement, en trois ans, tandis que l’artiste cherchait des sites à la hauteur de son ambition. Pris dans des zones désertées, les clichés semblent emplis d’une élégance triste, tandis que les lieux se décomposent peu à peu. « J’étais fascinée par ces intérieurs à l’abandon qui gardaient malgré tout une certaine beauté majestueuse », confie la photographe. « Je voulais qu’on y voit la lente détérioration en même temps que la capacité à résister ». Difficile, alors, de ne pas comparer la noble quiétude des lieux avec l’isolement humain. Sur les images, les murs se succèdent et les portes restent closes. Lorsqu’elles s’ouvrent, il n’y a rien. Les tapisseries, elles, forment un labyrinthe hypnotisant et sans issu. En contrepoint, la série nous parle d’aliénation, de l’isolement extrême de certaines personnes, d’une vie autre. « Lorsque j’ai compris mon projet, j’ai énormément lu sur la psychologie, les maladies mentales et même la philosophie » précise Kathleen. Une métaphore pleine de délicatesse.

Huis Clos © Kathleen Meier

Huis Clos © Kathleen Meier

 

Huis Clos © Kathleen Meier

Huis Clos © Kathleen MeierHuis Clos © Kathleen Meier

Huis Clos © Kathleen MeierHuis Clos © Kathleen Meier

© Kathleen Meier

Explorez
Le passé artificiel de Stefanie Moshammer
© Stefanie Moshammer
Le passé artificiel de Stefanie Moshammer
Les images de Stefanie Moshammer s’inspirent d’expériences personnelles et de phénomènes sociaux, à la recherche d’un équilibre entre...
27 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Avec Unique, le Hangar joue la carte du singulier pluriel
© Douglas Mandry, Retardant Panels (2023)
Avec Unique, le Hangar joue la carte du singulier pluriel
La nouvelle exposition du Hangar, à Bruxelles, met en lumière une vingtaine d’artistes qui ont choisi de transformer leurs photographies...
24 avril 2024   •  
Écrit par Eric Karsenty
La sélection Instagram #451 : la vie simple
© Melissa Alcena / Instagram
La sélection Instagram #451 : la vie simple
De la photographie de paysage à la nature morte en passant par l'autoportrait, notre sélection Instagram de la semaine est une ode...
23 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
© Chloé Milos Azzopardi
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
Du 6 au 28 avril, Maison Sœur accueille Ces corps qui nous traversent, une exposition qui nous inivite à repenser notre rapport au vivant.
19 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Le passé artificiel de Stefanie Moshammer
© Stefanie Moshammer
Le passé artificiel de Stefanie Moshammer
Les images de Stefanie Moshammer s’inspirent d’expériences personnelles et de phénomènes sociaux, à la recherche d’un équilibre entre...
27 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
© Christopher Barraja
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
La photographie analogique ne cesse de séduire un large public. Pour Fujifilm, Aliocha Boi et Christopher Barraja s’emparent de l’Instax...
26 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
© Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
Jusqu’au 19 mai 2024, la photographe Isabelle Vaillant investit L’Enfant Sauvage, à Bruxelles, en proposant une exposition rétrospective....
26 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Hailun Ma, pour l'amour du Xinjiang
© Hailun Ma, Kashi Youth (2023) / Courtesy of the artist, Gaotai Gallery and PHOTOFAIRS Shanghai (25-28 avril, Shanghai Exhibition Centre)
Hailun Ma, pour l’amour du Xinjiang
Que savons-nous de la vie des jeunes de la province du Xinjiang, en Chine ? Probablement pas grand-chose. C’est justement dans une...
26 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill