Île de Chiloé, Chili. 1957. © Sergio Larrain / Magnum Photos
Décédé l’année dernière, le Chilien Sergio Larrain est honoré par les grandes institutions de la photographie. Les Rencontres d’Arles lui ont rendu hommage cet été à travers une belle rétrospective, dont nous avions déjà parlé. Depuis la rentrée, et jusqu’au 22 décembre, la fondation Henri Cartier-Bresson organise Vagabondages, une exposition qui retrace le parcours singulier d’un photographe poète à travers 128 images en noir et blanc, dont un ensemble de tirages d’époque de la collection Magnum Photos et quelques inédits.
Né au début des années 30 dans une famille bourgeoise au Chili, Larrain va baigner dans l’art et les livres dès sa plus tendre enfance. Mais ce qui va marquer sa vie et son travail, ce sont ses voyages : le photographe va parcourir les États-Unis (où il va faire ses études pour mieux fuir un environnement dans lequel il se sent à l’étroit), l’Europe, le Moyen-Orient (une période qui va le mener à la méditation), avant Londres, la rencontre avec Henri Cartier-Bresson en 1959 qui lui propose d’intégrer l’agence Magnum, et l’installation à Paris. Dans les années 60, incapable d’accepter la pression qu’implique le photojournalisme d’agence, il opère une retour au pays natal où il mènera une vie discrète rythmée par le yoga, la peinture, les collaborations et projets artistiques multiples. Une existence ascétique qui finira de construire le mythe d’un “vagabond céleste” avant l’heure.
Les mots de Gonzalo Leiva Quijada dans son essai consacré au maître chilien résument parfaitement cette exposition et le travail de cet artiste hors norme : “À travers son objectif, son regard de compassion saisit ces exclus qui deviennent des personnes. Sergio Larrain ne fait qu’un avec eux. Il est leur ami, leur alter ego, lui aussi vagabond, découvrant l’invisibilité.” G.L.
Sergio Larrain, Vagabondages, du 11 septembre au 22 décembre 2013 à la Fondation HCB, 2, impasse Lebouis, 75014 Paris. www.henricartierbresson.org