L’histoire contemporaine de l’Amérique Latine est à l’honneur au sixième Latin American Foto Festival au Bronx Documentary Center de New York. Les questions de genre et le combat féministe sont à découvrir, jusqu’au 30 juillet, au cœur du festival.
Le Latin American Foto Festival (LAFF), organisé chaque année par le Bronx Documentary Center de New York, a ouvert sa sixième édition le 13 juillet. Par les contributions de photographes établi·es comme de noms émergents, le LAFF offre une vision panoramique de l’actualité d’Amérique Latine en photographie. Les images sont exposées à grande échelle dans les rues du voisinage de Melrose, dans le South Bronx. Les œuvres présentées sont issues de projets à long terme, qui portent notamment sur les enlèvements et les féminicides au Mexique, les droits des peuples indigènes au Pérou, les droits des personnes transgenres en Colombie, l’exode des jeunes Cubain·es, les manifestations féministes au Chili, les effets du boom minier au Pérou sur les communautés rurales… L’écriture documentaire est à l’honneur dans chacun de ces travaux engagés. Par les travaux de photographes comme Fernanda Pineda, Nicole Kramm Caifal ou encore Audrey Cordova Rampant, le festival met en avant la vague irrésistible des luttes féministes en Amérique Latine. Contre les féminicides, les enlèvements, la transphobie, les reporters se servent de leur caméra pour soutenir le combat des femmes. Le BDC organisera, comme chaque année, des ateliers, des visites, des tables rondes et d’autres événements communautaires.
Le combat des femmes pour la mémoire des disparues et la fin des violences machistes
Au Chili, iels appellent ce mouvement la « troisième vague féministe ». Une « révolte féministe » qui plaide pour la fin du machisme et l’égalité entre les genres. Le mouvement a pris une ampleur inouïe, notamment grâce aux déferlantes qu’ont été Ni una menos et MeToo. Ces revendications ont également atteint le Chili et, avec la multiplication des révélations sur la violence de genre dans leur pays, des millions de femmes chiliennes se sont mobilisées. La photographe Nicole Kramm Caifal a alors suivi, dans un reportage dans les rues, plongée en plein dans les manifestations, la lutte pour la fin de la violence à l’égard des femmes – pour une justice pour les victimes de violences, pour l’avortement libre et sûr, ainsi qu’une série d’autres droits sociaux et économiques.
Dans un contexte bien plus sombre, celui du Mexique, Greta Rico, Sonia Madrigal et Mayra Martell racontent les enlèvements et les féminicides qui ravagent leur pays. The Act of Missing, de Mayra Martell, est une série particulièrement poignante qui se penche sur la disparition des femmes et le féminicide à Ciudad Juarez entre 2005 et 2022. Il dépeint un panorama de terreur et de violence, allant des féminicides eux-mêmes aux tentatives de reconstitution de l’identité des victimes disparues par diverses méthodes. Greta Rico, qui reconstruit la mort de sa propre cousine, résume ainsi le drame du féminicide : « L’œuvre explore la façon dont le féminicide ne s’arrête pas au meurtre lui-même, mais a des répercussions psychosociales. En raison de la violence de genre au Mexique, le traumatisme se propage aux enfants orphelins et aux mères, sœurs, grands-mères et tantes qui deviennent leurs mères de substitution. » Avec son travail Desaparecidas, Audrey Cordova Rampant explore la même thématique au Pérou, en dénonçant le manque d’efforts du gouvernement pour retrouver les femmes disparues. Chacune de ces séries est un cri de justice et de vérité, pour toutes ces familles, proches et ami·es en quête de réponses et de réparations.