La nature exaltée

02 février 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
La nature exaltée

Réalisme magique, c’est le terme qui pourrait définir l’œuvre d’Hélène David. Dans son ouvrage Noces ou Les Confins sauvages, les photographies dialoguent avec des dessins en relief et des poèmes. Une plongée en apnée dans l’univers merveilleux et sauvage de la Méditerranée.

L’ouvrage d’Hélène David, publié par les éditions Sun Sun, est un objet étrange et fascinant. Les photographies, échos de voyages maritimes et délicats, mêlent hommes, animaux et nature dans une forme de transcendance. À leurs côtés, des pages en relief, dessins de Gildas Sécrétan, ponctuent le récit. « C’est une expérience tactile », explique Hélène, « un fossile, une empreinte, quelque chose de disparu qui viendrait s’inscrire dans la matière ». Les pages dialoguent, donc, entre les instants éphémères, fluides des clichés, et l’empreinte éternelle dans le papier. Puis l’histoire s’achève, sur des mots de Donatien Garnier, poète et ami de la photographe. « Il ferme le récit visuel, comme une porte sonore et âpre, une forme de brutalité », dit-elle.

Durant seize ans, Hélène David a embarqué sur des bateaux partant loin et longtemps pour partager le quotidien des marins. Cette expérience, cet enfermement au milieu du grand large sauvage, l’inspire. Au cours de séjours en Alaska, elle découvre le rythme de vie des Inuits et leur relation à la nature. « Cela m’a permis d’identifier différemment l’être et son environnement. Comment nouer d’autres modes de relations ? Comment appréhender le corps dans sa continuité avec le milieu ? » Noces ou Les Confins sauvages se crée alors, petit à petit, entre relation au vivant et vulnérabilité.

Noces ou les confins sauvages © Hélène David

Excursion sensuelle dans le monde sauvage

Photographiées en grande partie dans le Parc national des Calanques, les images évoquent un espace à la fois familier et étranger, réel et fantastique. « Je perçois toujours dans cet espace un au-delà du réel », confie Hélène. Et dans cet univers suspendu entre deux mondes, les photos sont à la fois sensuelles et poétiques. Animaux et corps humains se lient pour former un tout libéré. « Il s’agissait de rendre perceptible cette idée d’une même communauté d’origine, un monde aux frontières perméables, où corps, astragales, méduses, puffins, oblades sont une même continuité. » Bien sûr, l’ouvrage est porté par des enjeux écologiques, mais ici, le nature writing l’emporte. Cette volonté d’inscrire la nature comme un protagoniste de l’histoire, aux côtés de l’être humain. Ainsi, les pulsions naturelles ressurgissent, dans une traversée sensuelle aquatique. « J’aime la façon dont les corps se recentrent et se déploient au contact du sauvage », déclare Hélène. Son ouvrage, en tous cas, resplendit de force et de poésie.

Noces ou les confins sauvages © Hélène David

Noces ou les confins sauvages © Hélène DavidNoces ou les confins sauvages © Hélène David

Noces ou les confins sauvages © Hélène DavidNoces ou les confins sauvages © Hélène David

Noces ou les confins sauvages © Hélène DavidNoces ou les confins sauvages © Hélène David

Noces ou les confins sauvages © Hélène David

Noces ou les confins sauvages © Hélène DavidNoces ou les confins sauvages © Hélène David

Noces ou Les Confins sauvages, Sun Sun éditions, 50 €, 150 p.

© Hélène David

Explorez
Le langage des fleurs selon des photographes de Fisheye
© Jana Sojka
Le langage des fleurs selon des photographes de Fisheye
Les photographes de Fisheye ne cessent de raconter les préoccupations de notre époque. Parmi les motifs qui reviennent fréquemment se...
20 mars 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #498 : timides bourgeons
© Ellie Carty / Instagram
La sélection Instagram #498 : timides bourgeons
Les journées rallongent, les rayons du soleil transpercent les nuages, les feuilles renaissent sur les arbres nus, les fleurs montrent le...
18 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Florescence : Étienne Francey cultive son jardin imaginaire
Croissant de lune © Etienne Francey
Florescence : Étienne Francey cultive son jardin imaginaire
La Fisheye Gallery accueille le jardin imagé du photographe suisse Étienne Francey du 6 mars au 5 avril 2025. Intitulée Florescence...
01 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Le PhotoVogue Festival 2025 met la photographie de mode au service de la nature 
© Fee Gloria Groenemeyer
Le PhotoVogue Festival 2025 met la photographie de mode au service de la nature 
Du 6 au 9 mars 2025, le PhotoVogue Festival présentera sa 9e édition à Milan. Fidèle à son approche de la photographie de mode...
27 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Tour, street style et avortement : nos coups de cœur photo de mars 2025
The Tower © Xiaofu Wang
Tour, street style et avortement : nos coups de cœur photo de mars 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Frida Forever : interroger le validisme en images
© Frida Lisa Carstensen Jersø Fisheye
Frida Forever : interroger le validisme en images
Le livre Frida Forever de Frida Lisa Carstensen Jersø explore la vie avec une maladie chronique entre autoportraits et mises en scène....
27 mars 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Algorithmes 
sous influence
© Lena Simonne, backstage du show Étam 2024 à Paris.
Algorithmes 
sous influence
Autrefois dominé par les magazines et les photographes, le secteur de la mode s’est transformé sous l’impulsion...
27 mars 2025   •  
Écrit par Anaïs Viand
Focus : capitalisation du corps, tourisme strassé et indépendance
Unprofessional © Matilde Ses Rasmussen
Focus : capitalisation du corps, tourisme strassé et indépendance
Créé par les équipes de Fisheye, Focus est un format vidéo innovant
qui permet de découvrir une série photo en étant guidé·e par la...
26 mars 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas