La photographe égyptienne Fatma Fahmy remporte la bourse Daniele Tamagni grâce à sa série Once there was a tram. Un récit photographique immersif au cœur du réseau de tramways d’Alexandrie.
Plus de cent photographes, venus de 25 pays différents ont répondu à l’appel à candidatures de cette première édition du Daniele Tamagni Grant. Dédié aux jeunes artistes, ce concours offre à son lauréat une année de formation en photojournalisme et photographie documentaire au Market Photo Workshop, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Là-bas, il réalisera un portfolio, qui sera ensuite dévoilé au Festival Visa pour l’Image, en 2020. Un fabuleux tremplin pour les étudiants photographes, qui auront alors l’opportunité de présenter leur travail aux éditeurs internationaux présents durant l’événement.
Pour cette édition inaugurale, le jury a récompensé le travail de Fatma Fahmy, Once there was a tram. Née en 1991 à Riyad, en Arabie Saoudite, la jeune photographe habite désormais au Caire. C’est là-bas qu’elle réalise ses clichés « ethnographiques », symboles des sociétés qu’elle capture. « Nous voyons en elle le profil idéal pour cette bourse, conçue pour mettre en lumière la culture africaine, sa créativité et son esthétique visuelle, à travers une exploration détaillée du médium photographique », précise Lekgetho Makola, directeur de Market Photo Workshop.
Comme un faisceau d’espoir
C’est le réseau de tramways d’Alexandrie que Fatma Fahmy a choisi comme décor de sa série. Un espace d’échanges, de rencontres éphémères et de voyage. En dehors du chaos citadin, les trams semblent devenir des îlots abritant de curieux personnages. Si l’artiste souligne la difficulté d’être une femme photographe dans ce territoire, elle développe une narration passionnante, capturant avec une certaine honnêteté les expressions et identités de chacun. « Je voulais explorer cet univers intérieur, ce monde singulier en pensant qu’il était peut-être le reflet de l’extérieur (…) Tout à coup, la lumière pénètre dans le tram et tombe sur les gens, comme un faisceau d’espoir à travers la morosité de leur vie quotidienne », raconte-t-elle.
Au-delà des violences et discriminations rythmant une ville à l’histoire complexe, l’auteure parvient à construire un récit touchant, à représenter avec respect le quotidien d’anonymes, dans une série baignée par les lumières nocturnes et la grisaille urbaine. « Nous avons été impressionnés par la force de narration de son travail, par ses images riches en poésie, porteuses de valeurs humaines et empreintes de nostalgie », commente Giordano Tamagni, président du jury. Inspirée par les traditions égyptiennes et leurs influences sur la société contemporaine, Fatma Fahmy documente cette fois-ci l’existence des individus qu’elle croise au cours de son chemin. Leur énergie, leur vulnérabilité, leur fatigue et leur joie. Avec Once there was a tram elle compose une mosaïque d’instants qui illustre sans artifice les nuances d’une culture et ses racines.
© Fatma Fahma