L’amour selon Michael McCraw

07 novembre 2016   •  
Écrit par Fisheye Magazine
L'amour selon Michael McCraw

Fisheye Magazine : Qu’est-ce qui, dans ton quotidien, t’inspire ?

Michael McCraw : Des petites choses. La lumière du matin. La nature qui change à travers les saisons. Regarder mes enfants interagir avec tout ce qui les entoure.

Pourquoi et comment es-tu devenu photographe ?

J’ai commencé à prendre des photos lorsque j’étais jeune, vers 12 ans. J’utilisais des jetables et un Polaroid pour prendre des photos de concerts punks et de mes amis. Je pense que la première personne à m’avoir fait réaliser que la photo pouvait être plus que ça, c’est Mike Brodie. Il sortait avec une amie à moi à Pensacola, en Floride, et ses photos m’ont donné envie d’en faire et d’en voir plus.

Comment définirais-tu ton approche de la photographie ?

Dans le passé, j’aurais regardé une carte, trouvé un chouette point d’eau vers lequel rouler et documenté mon voyage jusque là. Mais dernièrement, j’ai beaucoup photographié ma famille et comment elle a changé ma vie.

Fish Eye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw

Quelle est l’histoire de ta série Love of Life (2004-2016) ?

Love of Life est un projet que j’ai commencé en parcourant mes archives. J’y ai trouvé beaucoup de belles photos que je voulais partager et qui ne pouvaient pas vraiment intégrer les livres que je préparais. C’est une sorte de travail sur le long terme toujours en cours qui ne se terminera probablement jamais. Au fond, c’est un petit aperçu sur ma vision du monde.

Ta femme, qui est l’un des personnage central de Love of Life, est très présente dans tout ton travail. Quelle est votre histoire ? Quand est-elle devenu ton modèle ?

J’ai rencontré Elizabeth quand nous vivions à Birmingham, en Alabama. Nous travaillions ensemble mais je l’ai rencontré dans un bar, un soir. Je l’ai trouvé brillante. Elle adorait voyager et vivre des expériences. Nous avons conclu très rapidement. On a passé les années qui ont suivi notre rencontre à voyagé dans le sud des États-Unis. On a déménagé quelques fois. On a eu des enfants. J’ai toujours pu compter sur elle depuis le jour où nous nous sommes rencontrés. Elle est ma muse.

La famille est une grande source d’inspiration dans ton boulot. Pourquoi est-ce si important d’avoir ce regard profond sur ta vie personnelle ?

C’est important car personne d’autre ne peut pas raconter mon histoire. La photo de famille est un récit que seul l’auteur peut relayer. Je peux faire un travail sur le monde et être juste de passage, mais je préfère travailler sur les choses et les gens que j’aime.

Il y a une forme d’introspection dans tes images ?

Dans un sens, oui, absolument. La plupart de ce que je fais est une façon pour moi de comprendre quelle est ma place dans cette vie. Comment être un bon partenaire et un bon parent.

Fisheye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
Fisheye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw

Qu’éprouves-tu lorsque tu parviens à capturer l’un de ces moments magnifiques dont témoignent tes photos ?

Ce que j’aime par dessus tout, c’est d’être dans mon labo et de découvrir ce qui se trouve sur les pellicules. C’est une belle surprise de voir les scènes qui ont marché et qui ressortent mieux que ce à quoi je m’attendais. Avant qu’ils soient retirés du marché, je shootais énormément avec les films instantanés Fuji FP 100C. J’adorais cette satisfaction immédiate de voir qu’une image fonctionnait ou d’être capable d’améliorer ce qui marchait moins bien.

À quel point ta pratique est-elle spontanée ?

Elle l’est beaucoup mais parfois, ma femme va faire quelque chose et je lui demande alors de ne plus bouger pour que je puisse capturer son exacte expression ou le geste qu’elle est en train d’accomplir.

Est-ce que tu es un photographe compulsif ? Je veux dire, est-ce que tu ranges facilement ton appareil ?

C’est un point que j’essaye d’analyser au quotidien. J’ai parfois gâcher la légèreté de certains de nos voyages en voulant à tout prix faire de bonnes images, sans m’en rendre compte ou de trouver un équilibre avec les enfants. J’ai envie de travailler constamment. Je n’aime pas quand les choses sont statiques.

Dans Love of Life, tu as glissé des textes. Quand les écris-tu et pourquoi ? Que cherches-tu à exprimer à travers cette association entre les mots et la photographie ?

Généralement, je les écris bien après avoir pris les photos. Parfois, mais rarement, je rédige de petites notes quand je sors. Quand je parcours mes images ou que je travaille sur un livre, je tombe sur une image qui, immédiatement, me semble avoir besoin d’être écrite. Ça m’aide à créer une narration dans mon boulot. Je considère que tout ce que je produis est une grande histoire où les mots sont des guides pour y voir à travers.

Avec quel boîtier et quels films as-tu réalisé Love of Life ?

Je pense que pour cette série j’ai utilisé environs 12 appareils photo différents, et un nombre encore plus important de films très variés. Il y a eu, entre autres, un Contax T3, un T4, un Mamiya 7 et un RB67, un Pentax K1000, un Polaroid 600SE, un Mamiya Press Universal, un Polaroid 350… Comme je l’ai dit, j’ai beaucoup photographié avec du Fuji FP100C. Aujourd’hui, je shoote essentiellement avec les Mamiya 7 et RB67 et un peu avec le Pola 600SE quand j’ai les moyens. Et j’ai remplacé le film Fuji avec du Kodak Portra, dont je suis un grand fan.

Fish Eye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
Fish Eye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
Fisheye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
Fisheye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
Fish Eye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
 Fish Eye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
Fisheye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
Fisheye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
Fisheye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
 Fish Eye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
Fisheye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
Fisheye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
 Fish Eye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw
 Fish Eye Magazine | L'amour selon Michael McCraw
Extrait de “Love of Life (2004-2016) , © Michael McCraw

 

Quelles sont tes sources d’inspirations ?

La musique, sans aucun doute. J’ai grandi sur la scène punk-rock et je crois que ça m’a beaucoup aidé à toujours chercher le meilleur de moi-même. La musique me rend vivant.

Enfin, comment résumerais-tu ton travail en quelques mots ?

Une calme tempête.

 En (sa)voir plus

Découvrez l’ensemble du travail de Michael sur son site :  michaelmccraw.net

Suivez-le sur Instagram : @michaelmccraw

Et sur Tumblr : tinytinybirds.tumblr.com

Explorez
Les images de la semaine du 15.07.24 au 21.07.24 : le feu des souvenirs
© Pascal Sgro
Les images de la semaine du 15.07.24 au 21.07.24 : le feu des souvenirs
Cette semaine, les photographes de Fisheye s’intéressent aux différents aspects du feu, et ce, de manière littérale comme figurée.
21 juillet 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Looking at my brother : mes frères, l’appareil et moi
© Julian Slagman
Looking at my brother : mes frères, l’appareil et moi
Projet au long cours, Looking at My Brother déroule un récit intime faisant éclater la chronologie. Une lettre d’amour visuelle de Julian...
09 juillet 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Rafael Medina : corps libres et désirés 
© Rafael Medina
Rafael Medina : corps libres et désirés 
En double exposition, sous les néons des soirées underground, Rafael Medina développe un corpus d'images grisantes, inspirées par les...
27 juin 2024   •  
Écrit par Anaïs Viand
Pierre et Gilles, in-quiétude et Cyclope : dans la photothèque de Nanténé Traoré
© Nanténé Traoré, Late Night Tales, 2024 / Un ou une artiste que tu admires par-dessus tout ?
Pierre et Gilles, in-quiétude et Cyclope : dans la photothèque de Nanténé Traoré
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur...
26 juin 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jeux olympiques : ces séries de photographies autour du sport
© Cait Oppermann
Jeux olympiques : ces séries de photographies autour du sport
Ce vendredi 26 juillet est marqué par la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. À cette occasion, nous vous...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Transcendance par Kyotographie : promenade contemporaine au Japon
© Iwane Ai. A New River series, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Transcendance par Kyotographie : promenade contemporaine au Japon
À l’occasion des dix ans du Festival, Kyotographie investit les Rencontres d’Arles pour la première fois. L’exposition...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
© Jules Ferrini
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
À travers deux séries, Noires sœurs et Modern Sins, Jules Ferrini plie la lumière et le temps pour faire vibrer l’obscurité d’un...
26 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Robin de Puy : partout, l’eau au centre du paysage
© Robin de Puy
Robin de Puy : partout, l’eau au centre du paysage
L'exposition Waters & Meer - Robin de Puy revient sur deux séries de la photographe néerlandaise. Un hommage aux populations rurales...
25 juillet 2024   •  
Écrit par Costanza Spina