À l’occasion de son 70e anniversaire, la Fnac publie un beau-livre aux éditions Gallimard. Celui-ci s’articule autour de son fonds photographique, qui a fait de l’enseigne un précurseur en la matière.
L’histoire de la Fnac prend source dans celle de la photographie. À son ouverture, en 1954, sa spécialité consistait en la commercialisation de boîtiers. Son objectif était de démocratiser ce marché jusqu’alors réservé à une faible partie de la population. Ayant tôt fait de s’imposer comme le mécène d’une pratique qui n’était pas encore considérée comme un art, l’enseigne transforme ses magasins en galeries dès 1966. En son sein, le public pouvait découvrir les œuvres de talents émergents, aujourd’hui devenus de grands noms du milieu, tout en rencontrant des personnes passionnées, à même de leur prodiguer des conseils. Dans ce sillage, elle inaugure son propre fonds photographique en 1978, soit trois années avant que le Centre Pompidou n’ouvre le sien. Les 1775 tirages qui le composent, désormais conservés au musée Nicéphore Niépce, à Chalon-sur-Saône, proviennent des différentes expositions qui ont eu lieu.
De nouveaux dialogues avec la photographie
Pour célébrer cet héritage et son rôle d’acteur culturel engagé, la Fnac a imaginé Regards. Un siècle de photographie, de Brassaï à Martin Parr aux côtés de Quentin Bajac, directeur du Jeu de Paume, à qui elle a donné carte blanche. Comme son nom le suggère, le beau-livre retrace un large pan de l’histoire du médium, entremêlant aussi bien les œuvres d’artistes de renoms et celles d’anonymes. L’essentiel des mouvements du siècle dernier y est consigné et témoigne ainsi de l’éclectisme d’un tel fonds, assez rare en France. Il s’agit d’une « collection de “photographies de photographes” qui se situe dans le domaine de “l’instantané” et non du “conceptuel” et couvre tous les genres : le portrait, le reportage, la mode… », indique l’historien de l’art dans un communiqué.
L’ouvrage se découpe en dix parties dans lesquelles sont répartis 250 clichés. Diverses narrations s’en détachent, de nouveaux dialogues en émergent. « Les premières images datent de 1905-1906 et les dernières de 2001. Au sein de chaque chapitre, j’ai parfois mélangé les époques et parfois respecté le temps chronologique. Une photographie des années 1930 peut se trouver “en regard” d’une des années 1980. Je me suis senti libre à chaque chapitre de construire cette progression », explique Quentin Bajac. Regards prend alors des airs d’exposition qui offre un certain regard sur le passé, inspire et nourrit la création de demain. Les assemblages se suffisent à eux-mêmes. Ils laissent place à l’émotion, à la réflexion que peut susciter une scène qui marque les esprits. À l’automne, il sera possible de découvrir les tirages lors de plusieurs évènements qui proposeront des corpus différents. Ils auront notamment lieu au Salon de la Photo, aux Franciscaines à l’occasion du festival Planches Contact, et à Paris Photo.
304 pages
32 €