Le langage du corps : une poésie non verbale

21 septembre 2023   •  
Écrit par Costanza Spina
Le langage du corps : une poésie non verbale
© Agnès Varda
© William Eggleston

© Claire Tabouret
© Berenice Abbott

Jusqu’au 22 octobre, La Fab d’agnès b. présente la sixième saison de sa collection d’arts visuels autour du langage du corps. Une réflexion foisonnante autour du thème de la communication non verbale et des milliers de possibilités narratives qu’elle propose.

Le corps et ses mouvements sont un alphabet à soi. Chaque geste est un élément d’un vaste système de langage non verbal aux infinies possibilités. Avec l’exposition Le langage du corps, agnès b. présente la sixième saison de sa collection dédiée à cette thématique, explorée ici à travers la photographie et l’image. Niki de Saint Phalle côtoie Martin Parr, Andy Warhol dialogue avec Seydou Keïta, Bérénice Abbott rencontre Larry Clark… Des ponts sont bâtis entre ces artistes iconiques qui ont sublimé le corps et ses différentes expressions. Chacun·e a trouvé à sa manière une voie vers une poésie non verbale. Comme le rappelle la commissaire agnès b., au travers de dessins, peintures, sculptures, photographies, films et vidéos « l’exposition observe le corps social, les fonctions, les gestes, les comportements qui le révèlent, l’ordre et la poésie qui en résulte, la douceur, beauté et parfois la violence des corps à corps, la représentation du corps dans l’espace que ce soit la nature, la ville ou le lieu clos. »

Le langage du corps à travers l’image

Historien de l’art et critique, Alain Cueff définit le langage du corps comme un art subtile et insaisissable. Aucune science ne parvient à l’encadrer, tellement il échappe aux règles grammaticales et aux formes convenues. Le langage du corps est personnel, changeant, imperceptible et se prête aux nuances et aux micro-détails. En photographie, le mouvement est capturé de façon intemporelle et ce langage se décline en une infinité d’interprétations possibles. Il devient comme un verbe, qui exprime à la fois la stabilité de la mort, l’apaisement du repos, la fureur de la passion, une tension fébrile, un exploit sur la scène d’un théâtre… Comme le relève l’historien et critique, chaque photographe interprète le langage du corps à sa manière : il ou elle exige la pose (Andy Warhol, Gilbert and George, Seydou Keïta), suggère des postures (Herbert List, André de Dienes), surprend un moment incertain (Nan Goldin, Martin Parr, Martine Barrat), ou cadre le détail d’une attitude (Man Ray, Harmony Korine, …). Les peintres (Frédéric Bruly-Bouabré, Jean-Michel Basquiat, Mike Lash, Bangala), quant à elleux, propulsent le corps dans des imaginaires nouveaux, jamais explorés. « Le silence de l’image est empli d’un verbe décliné à tous les temps : aussi bien, la mémoire dont le corps est doué recompose le présent perpétuel auquel il semble voué. — À son départ comme à sa fin, dans sa silhouette et ses traits, un corps est déjà toute une histoire » écrit Alain Cueff.

© Agnès Varda
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