Arthur Vaillant signe son premier livre photo en autoédition. (Les) Amériques dresse un portrait décalé, décadré et audacieux du continent américain. À la recherche d’actions plus que de stéréotypes et de visages, l’auteur nous entraîne dans un road trip pas comme les autres.
Après avoir travaillé plusieurs années dans une association pour l’environnement, Arthur Vaillant s’envole pour le continent américain avec sa compagne pour un périple de huit mois. L’objectif : « Se confronter à d’autres cultures, découvrir de nouveaux horizons, et prendre du recul face à l’anxiété écologique accumulée durant [s]on temps dans le milieu associatif. » Designer produit de formation, photographe et vidéaste, Arthur Vaillant voit dans ce voyage l’occasion de réaliser un projet personnel. Sillonnant la Colombie, l’Équateur, le Pérou, la Bolivie, l’Argentine ou encore les États-Unis, il saisit les paysages qu’il traverse et les interactions avec les locaux qu’il rencontre. « Au bout de trois ou quatre mois, j’ai commencé à m’interroger sur la finalité de toutes les photos que je faisais. Qu’allais-je en faire ? », se demande-t-il. L’auteur, qui s’est fait sa culture du 8e art sur les réseaux sociaux, partage son travail principalement sur Instagram. Mais cette fois-ci, il refuse de noyer son projet dans cet océan d’images. « Sur Instagram, on scrolle, et ensuite, tout ce qu’on voit disparaît à la fois de notre esprit et de notre vision », confie l’artiste. L’idée d’éditer un livre naît alors. Il déplace son regard du formatage réseau social – le portrait – et construit une histoire qui se déploie à travers les pages physiques d’un ouvrage intitulé (Les) Amériques. « J’ai essayé de faire des photos qui m’intéressaient sans penser à ce qu’elles pouvaient justement représenter aux yeux des gens », soutient-il.
Rapprocher les gens
Des gestes côtoient des paysages, des paysages tutoient des gens. S’il y a bien une particularité dans (Les) Amériques, c’est le cadrage décalé qu’emploie Arthur Vaillant. Les visages y sont rares, pourtant des émotions distinctes y jaillissent sans retenue. « J’ai envie de respecter le droit à l’image, soutient l’auteur. De ce fait, les visages sont parfois coupés du cadre. C’est un parti pris, mais en somme, je convoque d’autres sens. » Le photographe préfère se concentrer sur les interactions entre les gens qu’il croise, avec qui il discute ou échange un regard, au fur et à mesure de son voyage à travers le continent. Effaçant de chaque visuel sa localisation géographique – qu’il rétablit à la fin du livre grâce à une mosaïque pour les curieux·ses –, Arthur Vaillant fait tomber les frontières et rapproche les peuples par leurs intérêts ou hobbies communs. « Sur une image, des personnes boivent des bières ou du maté tout droit sortis d’une glacière. Sur une autre, elles se désaltèrent à côté d’une roulotte. C’est la même action, celle de se rassembler autour du sport, mais dans deux pays, deux cultures différentes, en l’occurrence, les États-Unis et la Colombie », révèle-t-il. Son œil se pose sur cette proximité, ces liens qui unissent. Il conclut : « Je cherche peut-être à porter l’attention sur des choses un peu insignifiantes qui peuvent devenir belles et importantes par la photographie. »
152 pages
40 €