Les coups de cœur #264

25 novembre 2019   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les coups de cœur #264

Les photographes français Quentin Honoré et Léa Michaëlis, développent deux approches photographiques des plus différentes. Si le premier s’intéresse à l’émotion que dégage un instant, la seconde cherche à capturer le surréalisme du quotidien. Voici nos coups de cœur #264

Quentin Honoré

Originaire du nord de la France, Quentin Honoré habite désormais à Paris, où il travaille en tant que directeur artistique. C’est durant l’adolescence qu’il se tourne pour la première fois vers la photographie. Travaillant alors dans une société de métallurgie pour financer ses voyages, il développe une sensibilité pour l’univers industriel. « J’ai ensuite entamé des études en communication visuelle à Lille, et mes premiers projets ont vu le jour, raconte-t-il. J’avais alors la chance d’habiter à proximité de Roubaix, et ses successions de friches industrielles. » Aujourd’hui, le photographe s’intéresse davantage à la lumière, et aux émotions que suscitent les images. Au cours de ses périples, il réalise des clichés délicats, chargés de souvenirs. « Trois de ces photos proviennent de mes vacances en Andalousie, en été 2018. Sur le port de plaisance, je fus surpris par une brume matinale, qui donnait à cette ambiance marine un air de sérénité », se souvient-il. La dernière image, plus sombre, illustre ses premières heures à Lima, au Pérou, alors qu’il monte dans un taxi à la sortie de l’aéroport. « Sur le chemin, j’ai observé avec stupeur la pauvreté de certains quartiers. Ce cliché incarne autant un signe de bienveillance que de prévoyance… Il évoque la croyance, la religion, mais aussi la violence », précise-t-il. Une série d’instants forts, saisis dans l’énergie du moment.

© Quentin Honoré

© Quentin Honoré© Quentin Honoré

© Quentin Honoré

© Quentin Honoré

Léa Michaëlis

Léa Michaëlis, 20 ans, est originaire du sud de la France, et vit depuis peu sur Paris. « J’ai démarré la photographie vers l’âge de 9 ans, encouragée par mon père. Très jeune déjà, je réalisais de nombreux portraits de lui. La pratique m’aidait à exorciser sa maladie que je comprenais mal, tout en me permettant de lui témoigner mon amour, se souvient la jeune femme. J’ai toujours été passionnée par les arts. Je pratique la photographie, l’écriture et la peinture. J’ai eu une période où je faisais de la vidéo et de la musique, aussi. Mais la photographie, c’est depuis toujours ; je m’intéresse aux failles des êtres, aux détails insoupçonnés ou refoulés. J’essaye, à travers l’image, de révéler les gens ». En juillet 2019, Léa Michaëlis a eu la chance de rencontrer et de travailler avec Charlotte Abramow lors d’un workshop durant les Rencontres de la photographie d’Arles. « J’avais la sensation que c’était la rencontre de ma vie », se remémore-t-elle. C’est durant ce temps de création qu’elle a réalisé Les Doutes, un exercice photographique imposé par l’artiste belge. L’objectif ? Réaliser des photos absurdes et surréalistes du quotidien. « Je voulais photographier des inconnus, comme si je les connaissais parfaitement, et depuis toujours. J’ai réussi à décomplexer mes sujets avec le recours aux objets », explique-t-elle. « J’aime les gens qui se posent des questions sur leur propre existence et sur le monde qui les entoure. À mes yeux, ceux qui ne doutent pas sont ceux qui subissent. Et ce qui est primordial et intense dans le doute, c’est qu’une fois qu’il disparait, on fonce vers ce qu’on doit devenir, qui on doit être », conclut-elle.

© Léa Michaëlis© Léa Michaëlis
© Léa Michaëlis© Léa Michaëlis

© Léa Michaëlis

Image d’ouverture : © Quentin Honoré

Explorez
La sélection Instagram #525 : fragment ou totalité ?
© Michał Bugalski / Instagram
La sélection Instagram #525 : fragment ou totalité ?
L’acte photographique est un geste de découpe : l’image ne retient qu’une portion du réel, délimitée par le cadrage. Elle peut donc être...
23 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
© Jet Siemons
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
Dans Hannie & Billo – The Trail Project, Jet Siemons retrace la trajectoire d’un couple, Hannie et Billo, à partir d’un album photo...
18 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
© Valérie Belin
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
L’heure des rencontres « 7 à 9 de Chanel » au Jeu de Paume a sonné. En cette rentrée, c’est au tour de Valérie Belin, quatrième invitée...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Sous le soleil arlésien, nous avons rencontré Lee Shulman et Thomas Lélu à l’occasion de la sortie de Couldn’t Care Less. Pour réaliser...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Photoclimat 2025 : la photographie au service de l’environnement
© Juliette-Andréa Élie / Fondation Avril
Photoclimat 2025 : la photographie au service de l’environnement
Jusqu’au 12 octobre 2025, la 3e édition de la biennale Photoclimat prend ses quartiers à Paris. De la place de la Concorde à celle de...
27 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Valentin Derom : photographier le soin dans toute son ambivalence
© Valentin Derom
Valentin Derom : photographier le soin dans toute son ambivalence
Avec Support Systems, Valentin Derom explore les gestes de soin là où on ne les attend pas : dans les étables, aux côtés de son père...
26 septembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
L'engagement écologique et la photographie : la séance de rattrapage Focus
© Sophie Alyz
L’engagement écologique et la photographie : la séance de rattrapage Focus
Les photographes des épisodes de Focus sélectionnés ici s’emparent de leur médium pour raconter des récits d’engagement environnemental....
25 septembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Faire de la lenteur une attention : Ils en avaient 16 de Léo d'Oriano
© Léo d'Oriano
Faire de la lenteur une attention : Ils en avaient 16 de Léo d’Oriano
Dans le cadre de la Grande commande pour le photojournalisme de la BNF, Léo d’Oriano a suivi, entre 2021 et 2022. Intitulée Ils en...
25 septembre 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche