Les photographes français Quentin Honoré et Léa Michaëlis, développent deux approches photographiques des plus différentes. Si le premier s’intéresse à l’émotion que dégage un instant, la seconde cherche à capturer le surréalisme du quotidien. Voici nos coups de cœur #264
Quentin Honoré
Originaire du nord de la France, Quentin Honoré habite désormais à Paris, où il travaille en tant que directeur artistique. C’est durant l’adolescence qu’il se tourne pour la première fois vers la photographie. Travaillant alors dans une société de métallurgie pour financer ses voyages, il développe une sensibilité pour l’univers industriel. « J’ai ensuite entamé des études en communication visuelle à Lille, et mes premiers projets ont vu le jour, raconte-t-il. J’avais alors la chance d’habiter à proximité de Roubaix, et ses successions de friches industrielles. » Aujourd’hui, le photographe s’intéresse davantage à la lumière, et aux émotions que suscitent les images. Au cours de ses périples, il réalise des clichés délicats, chargés de souvenirs. « Trois de ces photos proviennent de mes vacances en Andalousie, en été 2018. Sur le port de plaisance, je fus surpris par une brume matinale, qui donnait à cette ambiance marine un air de sérénité », se souvient-il. La dernière image, plus sombre, illustre ses premières heures à Lima, au Pérou, alors qu’il monte dans un taxi à la sortie de l’aéroport. « Sur le chemin, j’ai observé avec stupeur la pauvreté de certains quartiers. Ce cliché incarne autant un signe de bienveillance que de prévoyance… Il évoque la croyance, la religion, mais aussi la violence », précise-t-il. Une série d’instants forts, saisis dans l’énergie du moment.
© Quentin Honoré
Léa Michaëlis
Léa Michaëlis, 20 ans, est originaire du sud de la France, et vit depuis peu sur Paris. « J’ai démarré la photographie vers l’âge de 9 ans, encouragée par mon père. Très jeune déjà, je réalisais de nombreux portraits de lui. La pratique m’aidait à exorciser sa maladie que je comprenais mal, tout en me permettant de lui témoigner mon amour, se souvient la jeune femme. J’ai toujours été passionnée par les arts. Je pratique la photographie, l’écriture et la peinture. J’ai eu une période où je faisais de la vidéo et de la musique, aussi. Mais la photographie, c’est depuis toujours ; je m’intéresse aux failles des êtres, aux détails insoupçonnés ou refoulés. J’essaye, à travers l’image, de révéler les gens ». En juillet 2019, Léa Michaëlis a eu la chance de rencontrer et de travailler avec Charlotte Abramow lors d’un workshop durant les Rencontres de la photographie d’Arles. « J’avais la sensation que c’était la rencontre de ma vie », se remémore-t-elle. C’est durant ce temps de création qu’elle a réalisé Les Doutes, un exercice photographique imposé par l’artiste belge. L’objectif ? Réaliser des photos absurdes et surréalistes du quotidien. « Je voulais photographier des inconnus, comme si je les connaissais parfaitement, et depuis toujours. J’ai réussi à décomplexer mes sujets avec le recours aux objets », explique-t-elle. « J’aime les gens qui se posent des questions sur leur propre existence et sur le monde qui les entoure. À mes yeux, ceux qui ne doutent pas sont ceux qui subissent. Et ce qui est primordial et intense dans le doute, c’est qu’une fois qu’il disparait, on fonce vers ce qu’on doit devenir, qui on doit être », conclut-elle.
© Léa Michaëlis
Image d’ouverture : © Quentin Honoré