Coup de projecteur sur deux photographes talentueuses. Flavie Duclos remet en question la notion de virilité tandis que Marianne Thazet donne à voir l’insignifiant. Voici nos coups de cœur de la semaine.
Flavie Duclos
Flavie Duclos, 20 ans, vit et étudie à Lille. « Après avoir été modèle pendant un an, j’ai décidé de passer derrière l’objectif. J’ai commencé la photographie en août 2018. Je cherche à créer des instants poétiques qui révèlent nos fragilités », explique la photographe. Ses sources d’inspiration ? Ses sentiments, ses expériences, ou encore ses rencontres. « D’autres artistes m’accompagnent beaucoup aussi : les instants de solitudes de Virginia Woolf, les peintures d’Hooper, les sculptures de Rodin ou encore d’autres photographes telles que Marta Bevacqua ou Martina Bertacchi ». Enfin, la société et les préjugés sociaux qu’elle impose la motivent. En témoigne sa série H-Hommes autour de la sensibilité des hommes. « Je voulais questionner la virilité chez l’homme, et dévoiler ses fragilités pour, peut-être, moi même réussir à m’affranchir entièrement de ce préjugé. J’ai choisi ensuite quatre hommes de quatre générations différentes afin de montrer les différences et les points communs dans la définition de l’homme ». Un projet accompagné d’une étude dans la presse et la publicité. « Plusieurs images m’ont intéressée : l’homme au travail jamais fatigué, l’homme bagarreur ou encore l’homme développant une carapace de sentiments. J’ai confronté ces différents stéréotypes avec quelques accessoires pouvant évoquer l’idée de féminité : un coquillage, la lune, ou encore des fleurs, la nature ». Une douce réflexion autour des questions de genre.
© Flavie Duclos
Marianne Thazet
Née en 1989, Marianne Thazet est passionnée, depuis son enfance, par les formes d’expression artistiques. Diplômée de l’ETPA de Toulouse, c’est finalement à travers la photographie qu’elle a choisi de s’exprimer. « J’ai eu un déclic créatif suite à la lecture de La fête de l’insignifiance de Milan Kundera. J’ai alors su qu’il me fallait absolument photographier “l’insignifiant” – ce que j’essaie encore de faire aujourd’hui », confie-t-elle. Dans Désespoir Heureux, projet aux frontières du documentaire et de la photographie d’auteur, elle s’intéresse à la vie marginale en zone rurale. « Il s’agit d’un sujet qui questionne beaucoup de jeunes, il est lié à l’avenir de la planète, le sens que l’on donne à nos vies… Quelle alternative avons-nous face à un futur sans issu ? », explique-t-elle. Inspirée par les œuvres d’Antoine Bruy ou encore Kevin Faignaert, l’auteure s’est immergée dans le quotidien de ces jeunes en marge. « Je voulais réaliser des images un peu décalées, pleines de poésie, comme le sont ces personnes », précise-t-elle. Construite autour d’un oxymore, Désespoir heureux prend la forme d’une « bulle de bonheur dans un monde que l’on perçoit comme perdu d’avance ». Un espace privilégié, où les relations se forment et où l’Homme apprend à vivre autrement.
© Marianne Thazet