C’est le monde de la scène qui inspire Fanchon Bilbille et Romane Iskaria, nos coups de cœur #309. La première capture la théâtralité de son quotidien, et la seconde fait des rues de Naples un décor tamisé.
Fanchon Bilbille
« Mon père dirigeait un théâtre : le théâtre Mouffetard, qui était également un centre social. C’était la première Maison pour Tous de France. Elle proposait des activités en journée, devenait un théâtre le soir et se transformait en dortoir pour les sans-abri du quartier la nuit. C’était entre 1948 et 1976. J’ai grandi baignée dans cette atmosphère de performance, de création, de lutte, d’engagement social et d’éducation populaire »,
raconte Fanchon Bilbille. Comédienne et photographe, l’artiste capture la théâtralité du quotidien. Puisant dans ses souvenirs d’enfance, elle passe sans cesse de part et d’autre du rideau rouge, et photographie le décor et son envers. « Chaque situation, chaque humain, chaque chose possède sa propre poésie. Son costume et sa peau. Sa couleur ou son noir et blanc. Son grain ou son voile. Mon témoignage est une photo », poursuit-elle. Inspirée par le musicien Tom Waits, le photographe Robert Frank, la chorégraphe Pina Bausch ou encore le poète Christophe Tarkos, Fanchon Bilbille met en lumière les bizarreries du monde, avec un œil bienveillant.
© Fanchon Bilbille
Romane Iskaria
Romane Iskaria, 23 ans, s’est tournée vers la photographie à l’adolescence, après avoir acheté son tout premier boîtier. « Ma passion s’est ensuite accentuée lorsque mon père est parti vivre au Brésil, il y a une dizaine d’années. J’ai eu la chance de pouvoir y voyager tous les ans. J’y construisais des projets photographiques autour de communautés vivant dans des lieux empreints d’une histoire forte », explique-t-elle. Pour la photographe, le 8e art est une « constante recherche de moments suspendus ». Une analyse personnelle et intime d’un lieu. La série Sceneggiata est née à Naples, durant un workshop réalisé avec l’école de la Cambre de Bruxelles. « Au cours de mes déambulations, j’ai été guidée par ces moments de calme au détour de certaines ruelles, qui contrastaient avec le bouillonnement de la ville italienne », confie-t-elle. À l’ombre des rues, les fenêtres, murs et portes deviennent des éléments d’un décor théâtral. Illuminées par les rayons tamisés du soleil, les scènes jouent avec notre perception du réel. « J’ai toujours été attirée par le monde de la scène. Ces moments me faisaient penser à l’instant qui précède un spectacle, avant l’entrée des artistes », précise-t-elle.
© Romane Iskaria
Image d’ouverture : © Fanchon Bilbille