Linda Moro et Emma June Roze, nos coups de cœur #334 perçoivent la photographie comme un moyen de communication. La première explore, grâce à elle, l’intime, et la seconde sublime son quotidien.
Linda Moro
« J’ai eu mon premier boîtier en première année de lycée. C’était un cadeau de mon père – qui est un passionné de photographie. Si je l’ai d’abord peu utilisé, en septembre 2020, j’ai vécu quelque chose d’étrange, que j’ai du mal à exprimer : je me sentais seule, triste, en colère. Pour la première fois, j’étais perdue et vide. Une énergie en moi s’est réveillée, et j’ai eu besoin de l’exploiter d’une certaine manière »,
raconte Linda Moro. À seulement 17 ans, la jeune artiste d’origine italienne s’est plongée dans le 8e art, pour tenter de mettre en images ces sensations nouvelles. Elle réalise, depuis, des œuvres symboliques et mystérieuses où les visages, les corps, percent l’obscurité de la nuit. Pour l’autrice, le médium est une passion, une obsession. Il lui permet de donner du sens à son ressenti, de se « sentir entière ». « J’aime capturer la mélancolie. Le contraste entre celle-ci et les couleurs vives. Lorsqu’elles se rejoignent, par la composition, elles transforment la photo en une création cinématographique », précise Linda Moro. Imaginés comme des extraits de journaux intimes, ses clichés reflètent ses états d’âme, « les moments de mon passé qui me rendent triste, mais qui font de moi la personne que je suis désormais », conclut-elle.
© Linda Moro
Emma June Roze
Originaire de Bruxelles, Emma June Roze habite aujourd’hui à Paris, où elle a emménagé pour étudier la photographie. « Mon rapport à l’image, depuis très jeune, a quelque chose de très intime, de naturel, et doux. J’ai toujours fait de mes proches des mannequins. Ce qui m’intéresse le plus, c’est de raconter une histoire, de mettre mon sujet en avant », confie-t-elle. S’attachant à représenter un « quotidien sublimé », l’artiste s’inspire des codes de la mode pour réaliser des compositions spontanées, où les femmes sont souvent mises en avant. « Je n’ai grandi presque qu’au contact de femmes, c’est donc naturellement que je les ai placées au centre de mon travail. Je développe une relation fusionnelle avec elles », ajoute-t-elle. Voguant d’un thème à un autre, en se laissant porter par son instinct et son inspiration du moment, la photographe s’attache à détourner les instants du quotidien pour en faire des récits. Souvent pris aux flashs, ses clichés figent ses modèles en pleine action et invitent le regardeur à construire lui-même sa propre histoire. « Le banal, une fois remis en question, prend ainsi une tout autre tournure », précise-t-elle.
© Emma June Roze
Image d’ouverture : © Linda Moro