Les coups de cœur #337

19 avril 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #337

Clara Abi Nader et Florian Perennes, nos coups de cœur #337, perçoivent tous deux la photographie comme un outil introspectif. Un instrument permettant d’interroger des faits sociétaux, comme de mettre en image son monde intérieur.

Clara Abi Nader

Son diplôme de l’Académie libanaise des Beaux-Arts en poche, Clara Abi Nader s’est envolée pour Paris, où elle développe aujourd’hui sa pratique photographique. Une démarche qui prend racine dans l’introspection. « Elle provient toujours de mes expériences personnelles. J’ai besoin de me retrouver dans un sujet pour me sentir légitime d’en parler », précise-t-elle. Paysage, architecture, essai social, portrait… L’artiste multiplie les influences pour raconter des histoires intimes et partager, avec autrui, son univers. « Il est important de partir du personnel pour finir, d’une certaine manière, dans l’universel. L’art, c’est fait pour nous rapprocher les uns des autres », poursuit-elle. C’est dans la capitale française que Clara Abi Nader débute On Hair (& Women), un projet féministe inspiré par la coiffure. « Au fil des années, j’ai compris combien la nature, la texture du cheveu peut en dire long sur une personne – sur ses origines, sa culture, sa religion… Tout comme la couleur de peau », confie l’autrice. Dans la rue, elle saisit, sur le vif, les coiffes anonymes des passantes, composant, en contrepoint, un récit engagé. « Un jour, j’ai croisé une connaissance au Liban, qui souffre d’alopécie, à seulement 17 ans : une maladie qui lui fait perdre tous ses cheveux. À cet âge, dans une société comme la nôtre, où l’image de la femme est omniprésente et vendue à la perfection, c’est traumatisant », raconte-t-elle. Récoltant divers témoignages, la photographe transforme alors son projet en un conte sociétal, interrogeant les notions de genre, de binarité, ou encore de beauté. « Mes modèles ont toutes été très réceptives : c’est une libération, une assertion, une affirmation de ce qu’elles veulent être, montrer, et dénoncer », affirme-t-elle enfin.

© Clara Abi Nader© Clara Abi Nader
© Clara Abi Nader© Clara Abi Nader
© Clara Abi Nader© Clara Abi Nader

© Clara Abi Nader

Florian Pérennès

« Je m’appelle Florian, mais on m’appelle flou en général. C’est parti d’un fourchage de langue, et c’est resté… Cela me convient bien – je suis quelqu’un de flou, qui vit ici et là, dans ses pensées, dans son monde. J’existe dans une sorte de mélancolie heureuse »,

confie Florian Pérennès. Après des études scientifiques, le photographe a rejoint l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. En parallèle, il exerce son œil à travers le 8e art. « Je dirais que je photographie les manifestations de mon propre monde dans la réalité. Peu importe le sujet, ou la thématique, je recherche une ambiance avant tout. J’essaie de provoquer les choses le moins possible, de les laisser venir à moi », explique-t-il. Influencé par le cinéma, l’auteur perçoit le médium comme un outil pour exprimer ses propres états d’âme, ses propres représentations de l’univers. « Décrire mes photos, c’est me décrire, à mi-chemin entre rêve et réalité, douceur et drame, relations intenses et solitude, sérénité et anxiété », confie-t-il. Privilégiant l’argentique – dont le procédé de développement lui évoque une certaine magie – Florian Pérennès compose des tableaux énigmatiques. Du paysage au portrait, des grands espaces à l’intérieur d’une chambre, il capte des fragments d’émotions aussi personnels qu’universels.

© Florian Pérennès© Florian Pérennès
© Florian Pérennès© Florian Pérennès
© Florian Pérennès© Florian Pérennès

© Florian Pérennès

Image d’ouverture : © Florian Pérennès

Explorez
Guénaëlle de Carbonnières : creuser dans les archives
© Guénaëlle de Carbonnières
Guénaëlle de Carbonnières : creuser dans les archives
À la suite d’une résidence aux Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières a imaginé Dans le creux des images. Présentée jusqu’au...
11 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #568 : Bastien Bilheux et Thao-Ly
© Bastien Bilheux
Les coups de cœur #568 : Bastien Bilheux et Thao-Ly
Bastien Bilheux et Thao-Ly, nos coups de cœur de la semaine, vous plongent dans deux récits différents qui ont en commun un aspect...
08 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dörte Eißfeldt, lauréate du prix Viviane Esders 2025
© Dörte Eißfeldt
Dörte Eißfeldt, lauréate du prix Viviane Esders 2025
Dörte Eißfeldt reçoit le prix Viviane Esders 2025 pour une œuvre qui repousse les frontières du médium, alliant rigueur conceptuelle et...
06 décembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Bellissima : la fabrique des apparences par Carla Rossi
© Carla Rossi
Bellissima : la fabrique des apparences par Carla Rossi
Dans son ouvrage Bellissima, publié par Art Paper Editions, Carla Rossi explore les désirs, les façades et les codes qui façonnent la...
03 décembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Bernard Plossu : Naples à hauteur d'âme
© Bernard Plossu
Bernard Plossu : Naples à hauteur d’âme
Présentée à la galerie Territoires Partagés jusqu'au 31 janvier 2026, Les Napolitains de Bernard Plossu marque un tournant dans le...
11 décembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Guénaëlle de Carbonnières : creuser dans les archives
© Guénaëlle de Carbonnières
Guénaëlle de Carbonnières : creuser dans les archives
À la suite d’une résidence aux Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières a imaginé Dans le creux des images. Présentée jusqu’au...
11 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Cloud Dancer : 7 séries photo qui arborent la couleur Pantone 2026
© Damien Krisl
Cloud Dancer : 7 séries photo qui arborent la couleur Pantone 2026
Chaque mois de décembre, Pantone dévoile sa couleur pour l’année suivante. Pour 2026, il s’agira de « Cloud Dancer », à savoir une nuance...
10 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Extrême Hôtel : voyage dans l’œuvre intime et colorée de Raymond Depardon
Italie, Sicile, Taormine, 1981 © Raymond Depardon / Magnum Photos
Extrême Hôtel : voyage dans l’œuvre intime et colorée de Raymond Depardon
Après huit mois de travaux pour rénovation, le Pavillon populaire de Montpellier rouvre ses portes. À cette occasion, le musée...
10 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet