Les coups de cœur #354

23 août 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #354

Bastien Brillard et Élise Toïdé, nos coups de cœur #354, retranscrivent des sensations en images. L’un rédige une lettre passionnée à la Réunion, et l’autre explore la rêverie adolescente en plein été.

Bastien Brillard

Ancien étudiant en géographie, c’est durant un long voyage que Bastien Brillard tombe sous le charme du médium photographique. En 2006, il s’installe à l’île de la Réunion, où il réalise ses premiers sujets, épaulés par d’autres photographes de la région. « Nous nous appliquions à produire des images différentes de la vision dominante du folklore tropical », précise l’auteur. Inspiré par ses études, il explore, à travers l’image, les relations entre les populations et leur cadre de vie. « Puis, en 2014, j’ai décidé de traverser le miroir de l’exclusion : de me concentrer non plus sur l’exclusion subie, mais celle volontaire », ajoute-t-il. Un thème qui le pousse à documenter une vision romantique du regroupement, organisé pour créer une utopie alternative, face aux enjeux contemporains. Mais Entre toi et moi se lit comme un travail plus personnel. Une déclaration à la Réunion. « Je la fréquente depuis 1999, après huit ans de vie commune, je ne pouvais pas partir sans laisser un mot ! », s’amuse-t-il. En noir et blanc, Bastien Brillard capte l’émotion, les sensations fortes d’une fusion avec un territoire. « Une histoire oscillant entre l’amour éternel et la haine viscérale. Inexplicable. Et, comme ce qu’on aime trop peut finir par nous détruire, je l’ai quittée ! Partir pour me retrouver. Partir pour avancer et respirer. Partir pour me souvenir. Partir pour être et pour aimer. Partir pour avoir peur et me sentir vivre. Partir c’est aussi un arrachement, un renoncement. Partir vulnérable et fragile, mais partir quand même. Partir », confie-t-il. Un projet intemporel aussi intime qu’universel.

© Bastien Brillard

© Bastien Brillard© Bastien Brillard
© Bastien Brillard© Bastien Brillard

© Bastien Brillard

© Bastien Brillard

Élise Toïdé

« Mon travail est intuitif. Lorsque je réalise un portrait, ou bien une histoire autour d’une personne, j’aime me promener avec elle. Apprendre à la connaître, à la photographier naturellement, dans un endroit qui nous convient. J’aime laisser les choses venir à moi »,

confie Élise Toïdé. Aujourd’hui installée à Montreuil, l’artiste a grandi dans le Sud de la France, et habité à Brooklyn – dont l’ambiance et les rues singulières la pousse à débuter la photographie. Shootant à l’argentique, elle aborde, à travers ses images, « les notions de mémoire, d’intime, et de passage – notamment autour de l’adolescence et du voyage. La mémoire des lieux, de l’enfance, l’empreinte des souvenirs réinventés, sujets à interprétation. Je cherche les liens entre mondes visibles et intérieurs. Mes images doivent rester comme des fantômes, des impressions, des sensations », précise-t-elle. Une recherche de la métamorphose, de la vulnérabilité retrouvée dans Saison Sèche, une série réalisée en plein été. « Il s’agit d’une histoire d’adolescente, qui se déroule pendant les grandes vacances, lorsque le temps est étiré. J’ai cherché à retranscrire le rapport au temps particulier de la jeunesse, celui de l’ennui, de l’absence. Des moments suspendus, de flottaison », ajoute la photographe. Et dans cet univers léger, langoureux, il nous semble percevoir les dernières chaleurs estivales…

© Eloïse Toidé© Eloïse Toidé
© Eloïse Toidé© Eloïse Toidé
© Eloïse Toidé© Elise Toidé

© Elise Toidé

Image d’ouverture : © Bastien Brillard

Explorez
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Love, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Agathe Veidt saisit la fête et les chants de révolte au cœur d’une boîte de nuit de renom à Shenzhen. De retour en France, elle tricote...
29 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Katrin Koenning et le deuil partagé du vivant
© Katrin Koenning, between the skin and sea / Courtesy of the artist and Chose Commune
Katrin Koenning et le deuil partagé du vivant
Photographe établie en Australie, Katrin Koenning signe between the skin and sea, un livre bouleversant paru chez Chose Commune en 2024....
27 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
La sélection Instagram #508 : jeux de mains
@ Zoé Schulthess / Instagram
La sélection Instagram #508 : jeux de mains
Lien entre soi et le monde, la main suscite un intérêt immuable dans le domaine des arts. Les photographes de notre sélection Instagram...
27 mai 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Êtes-vous triste ? : Sophie Calle au Mrac Occitanie
© Sophie Calle
Êtes-vous triste ? : Sophie Calle au Mrac Occitanie
Jusqu’au 21 septembre 2025, le Mrac Occitanie à Sérignan accueille l’exposition Êtes-vous triste ?, une exploration délicate de l’univers...
24 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
© Annie Leibovitz
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
À l’occasion de la cinquième édition d’Exporama, la Collection Pinault fait halte à Rennes avec une exposition magistrale sur le...
31 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Le  7 à 9 de CHANEL, les visages pluriels d’Omar Victor Diop
© Omar Victor Diop
Le 7 à 9 de CHANEL, les visages pluriels d’Omar Victor Diop
Troisième invité du cycle "Le 7 à 9 de CHANEL", le photographe sénégalais Omar Victor Diop a offert au public du Jeu de Paume un moment...
30 mai 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Love, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Agathe Veidt saisit la fête et les chants de révolte au cœur d’une boîte de nuit de renom à Shenzhen. De retour en France, elle tricote...
29 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Sidewalk Stills © Charles Negre
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Dans Sidewalk Stills, le photographe français Charles Negre offre un regard sensible sur les déchets qui parsèment les sols des marchés...
29 mai 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas