Si les écritures de Régis Delacote et Jade Joannès, nos coups de cœur #363, diffèrent, tous deux sont inspirés par leur environnement et tissent des récits sensibles aux multiples lectures.
Régis Delacote
Né en 1968 à Lunéville, commune de Meurthe-et-Moselle, Régis Delacote s’est formé à la photographie à l’ETPA de Toulouse, après être tombé amoureux du médium à l’adolescence. « Je l’ai découvert en feuilletant les différentes revues que mon père achetait, en amateur éclairé », se souvient-il. Considérant son approche comme « onirique, sensible et émotionnelle », l’artiste perçoit l’image comme un moyen d’exprimer ses pensées, de communiquer avec le monde de manière directe. Inspiré par d’autres photographes, comme par la littérature et la musique, il construit un journal visuel qu’il ne cesse d’étoffer. « Je ne cloisonne ni les sujets ni les pratiques. J’essaie de traduire des punctums sensoriels au jour le jour. Et parfois, l’accumulation devient série », confie-t-il. De ces errances de l’esprit émergent des mondes sombres à la puissance évocatrice marquée. Des univers monochromes, où les visages se voilent, les corps se troublent, les traces laissent des gravures sur l’espace, pour mieux déformer le réel et – au passage – le transcender.
© Régis Delacote
Jade Joannès
« Mon approche photographique a beaucoup évolué au fil des années. Mais si une chose n’a jamais bougé, c’est mon attrait pour le portrait. Capturer quelque chose ou quelqu’un, qu’il soit familier ou anonyme me plaît. Dans chacun de mes projets, je tente de dresser le portrait d’une idée, et ce en questionnant les enjeux du médium photographique »,
explique Jade Joannès. Née en 1994, l’autrice, diplômée de l’École nationale supérieure d’art de Paris-Cergy, étudie, à travers ses projets, les traces et l’environnement d’autrui. Une exploration qui la conduit jusque dans l’Oise, sa région natale, pour réaliser la série A strange attraction. « Dans une dualité des lieux, entre espaces intimes et publiques, je suis partie à la recherche d’anecdotes, de détails, et de présence. Je souhaitais donner à voir plusieurs niveaux de lecture : un premier qui nous renvoie à notre imaginaire collectif ou enfantin, et un second soulevant des questions plus engagées : sociales, culturelles et écologiques », poursuit-elle. Un travail aux tons pâles, évoquant, avec un mélange de poésie et de mélancolie, un territoire diffus : celui d’un passé plus insouciant.
© Jade Joannès
Image d’ouverture : © Jade Joannès