Les coups de cœur #375

07 février 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #375

Tout semble opposer nos coups de cœur #375, Marivan Martins et Pablo Gubitsch : l’un s’intéresse à la mode et à la couleur, tandis que l’autre capture dans un documentaire un monde monochrome.

Marivan Martins

« Je suis quelqu’un d’assez bordélique,

s’amuse Marivan Martins, 25 ans. J’adore tout ce qui n’est pas à sa place. J’aime l’idée d’avoir en tête un puzzle interminable dont je mélange les différentes pièces. Des bodybuilders en robe ? Oui. Des marionnettes en chaussettes qui fument des pétards ? Oui. Mon objectif ? Construire, déconstruire, casser, coller, coudre des bouts de souvenirs et de situations pour créer quelque chose d’assez unique et intéressant. » Aujourd’hui photographe de mode installé à Paris, l’auteur d’origine brésilienne s’est toujours considéré comme quelqu’un de créatif. Explorant son environnement, le banal du quotidien et les situations universelles, il perçoit son médium de prédilection comme un outil lui permettant de souffler, de « pouvoir créer ce que [lui] seul est capable de voir dans [s]a tête ». Au flash, à la lumière du soleil, en studio ou en plein centre urbain, Marivan Martins tisse des histoires amusantes, des anecdotes insolites, qui restent gravées dans les esprits et s’amuse à déformer les normes de genre et de beauté. Un travail aussi divertissant que personnel, pour l’artiste, qui conclut : « J’explore des situations que j’ai vécues, des souvenirs de mon enfance, de mon adolescence. Toutes mes photos sont faites avec des bouts de moi ».

© Marivan Martins© Marivan Martins
© Marivan Martins© Marivan Martins
© Marivan Martins© Marivan Martins

© Marivan Martins

Pablo Gubitsch

Étudiant en première année à l’ETPA, Pablo Gubitsch, 23 ans, s’intéresse depuis peu à la photographie documentaire. « Tout part d’un désir d’aller à la rencontre des autres. J’ai toujours été quelqu’un de très curieux, mais j’avais peur de m’approcher des gens. C’est une angoisse que je porte encore aujourd’hui. Mais le médium me permet de mieux comprendre la société et ses acteurs. Je souhaite poser un regard sur des sujets évocateurs qui me questionnent », explique-t-il. C’est cette envie qui le porte jusqu’à Calais, où les conditions de vie révoltantes des migrants le choquent profondément. « L’arrivée du froid, la répression brutale de l’État, les expulsions des camps, la lacération des tentes… Tout était injuste, déshumanisant », précise-t-il. Son objectif lui apparaît alors, simple : « Montrer l’ampleur de la crise migratoire à travers un œil intime ». Dans un noir et blanc minimaliste, qui permet de faire entrer l’abstrait, la poésie dans le réel, l’auteur s’attache alors à représenter des notions universelles : la mémoire, l’identité, l’absence, l’exil… Ému par les compositions de Sebastião Salgado, Josef Koudelka ou encore Jane Evelyn Atwood, Pablo Gubitsch s’applique – comme ses modèles – à faire rimer critique et beauté, violence et tendresse. Un travail sensible, redonnant à ses modèles une dignité méritée.

© Pablo Gubitsch

© Pablo Gubitsch© Pablo Gubitsch
© Pablo Gubitsch© Pablo Gubitsch

© Pablo Gubitsch

© Pablo Gubitsch

Image d’ouverture : © Pablo Gubitsch

Explorez
Raymond Depardon, l’éloge du passage
© Raymond Depardon
Raymond Depardon, l’éloge du passage
La Galerie Magnum présente Raymond Depardon : Passages, une rétrospective visible jusqu'au 26 juillet 2025. À travers une...
18 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Le palmarès du prix Picto de la Mode 2025 : la mode au croisement des enjeux contemporains
Symbiose © Arash Khaksari
Le palmarès du prix Picto de la Mode 2025 : la mode au croisement des enjeux contemporains
À l’occasion de la 27e édition du prix Picto de la Photographie de Mode, la cour du Palais Galliera s’est transformée en un lieu...
16 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Alex Bex révèle la sensibilité des cowboys texans
Intermission (Big Foot, Texas), de la série Memories of Dust © Alex Bex, France, 3rd Place, Professional competition, Documentary Projects, Sony World Photography Awards 2025.
Alex Bex révèle la sensibilité des cowboys texans
Avec sa série Memories of Dust, le photographe franco-texan Alex Bex ébranle les codes de la masculinité dans les ranchs de cowboys au...
13 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
18 séries photo à découvrir aux Rencontres d'Arles 2025
Extrait de Father (Atelier EXB Paris, 2024) © Diana Markosian
18 séries photo à découvrir aux Rencontres d’Arles 2025
Alors que la 56e édition des Rencontres de la photographie d’Arles approche à grands pas, la rédaction de Fisheye vous invite à...
11 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Isabel Muñoz à Portrait(s) : le corps en majesté
© Isabel Muñoz
Isabel Muñoz à Portrait(s) : le corps en majesté
Jusqu'au 28 septembre 2025, le festival Portrait(s) accueille une rétrospective d’Isabel Muñoz, grande figure de la photographie...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
Les membres originaux du groupe Oasis, Japon, 1994 © Dennis Morris
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
En ce premier jour de l’été, partout en France, la musique est à l’honneur. À cet effet, nous vous avons sélectionné une série de...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Que reste-t-il après le feu ? : des images, des voix, des actifs
Tour immersive en forêt © Alexandre Dupeyron
Que reste-t-il après le feu ? : des images, des voix, des actifs
À l’écomusée de Marquèze, jusqu’au 28 septembre 2025, l’exposition 600° – La forêt après le feu du collectif LesAssociés, pose une...
19 juin 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Archevêché by Fisheye : une 2e édition haute en couleur
© Marie Meister
Archevêché by Fisheye : une 2e édition haute en couleur
Du 7 au 12 juillet 2025, Fisheye investit la cour de l’Archevêché, lieu de rendez-vous incontournable du ()ff des Rencontres d’Arles, au...
19 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine