Les séries développées par nos coups de cœur #406, Marie Le Gall et Paul Rousselet, sont des illustrations de leurs obsessions. La première s’intéresse au lien entre corps et nature, et le second au tumulte urbain, dans les rues de Katmandou.
Marie Le Gall
« Je crois que nous sommes étroitement liés à la nature et que passer du temps avec elle peut être apaisant et libérateur »,
confie Marie Le Gall. Née en 1994 en France, l’artiste a passé son enfance sur la route, emménageant de pays en pays – de Tahiti au Maroc en passant par les États-Unis et la Biélorussie. Un contact aux cultures et aux coutumes étrangères qui forge sa passion pour la photographie, et la pousse à explorer les relations qu’entretiennent les humains à leur environnement. « J’ai beaucoup de respect pour la terre comme pour notre corps et je vois beaucoup de corrélations entre les deux », ajoute-t-elle. Dans Embody – « incarner », en français – l’autrice poursuit un travail entamé sur la nudité des femmes, en demandant à ces mêmes modèles de l’emmener dans des lieux extérieurs familiers. « J’ai toujours été entourée de nature, et le nu ne m’a jamais dérangée. Je suppose que cela fait partie de mon identité de photographe et mon désir d’apporter aux autres ce sentiment de confort, de leur montrer que cela n’a pas à être tabou, et certainement pas sexuel », explique Marie Le Gall. Sous une lumière naturelle, les femmes qu’elle capture s’enlacent, s’étirent, s’immergent dans l’eau pure, le tout formant un tableau apaisant où les éléments et minéraux sont synonymes de préciosité et de paix intérieure.
© Marie Le Gall
Paul Rousselet
Originaire d’Angers, Paul Rousselet a emménagé à 18 ans à Rennes pour étudier l’architecture. Dans le cadre de son cursus, il s’offre un boîtier et découvre le monde du 8e art. « C’est mon échange en Argentine qui a transformé ce passe-temps en passion. J’y ai réalisé beaucoup de photos et j’ai pu mieux comprendre les sujets qui m’intéressaient, l’esthétique qui me plaisait, avec le dépaysement sud-américain comme véritable motivation artistique », explique-t-il. De retour, il poursuit son exploration du médium, la croisant avec sa fascination pour les bâtiments et leur construction. « J’ai une obsession pour l’architecture délaissée, mal pensée, celle des grands ensembles des années 1960 ou des zones industrielles des villes du province. Je m’intéresse à l’aspect narratif qu’ils peuvent révéler malgré eux », précise-t-il. Et dans KTM, La Paix et Le Boxon, Paul Rousselet fait le récit de la ville de Katmandou, entre chaos et poses poétiques. « La ville est dense et bruyante, mais au fil des jours passée, on s’acclimate, on prend le rythme. Trouver une sérénité personnelle dans un capharnaüm total, il me fallait souligner ce paradoxe. D’autres questions viennent également nourrir cette réflexion : celle du regard occidental sur une culture inconnue, de l’exotisme, etc. », raconte l’auteur. En résulte une collection d’images aux tons rosés, sublimant l’agitation de la capitale du Népal, son urbanité comme son humanité.
© Paul Rousselet
Image d’ouverture : © Marie Le Gall