Les coups de cœur #408

26 septembre 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #408

Marie Deraye et Christopher Valentine, nos coups de cœur #408 capturent leur quotidien. L’une illustre la mélancolie de l’existence, et l’autre fait de son road trip une réflexion sur la vie et la mort.

Marie Deraye

« Je cherchais désespérément un moyen d’exprimer des émotions souvent trop fortes pour moi sans être vraiment douée avec les mots… Alors je suis passée par l’image »

, confie Marie Deraye. À tâtons, la photographe de 25 ans a alors commencé à expérimenter, à saisir les nuances de ses sentiments au rythme des diverses écritures visuelles. Passant d’abord par la capture de paysage, puis l’art du portrait, elle a développé, au fil des années, une approche « plus spontanée et personnelle », reflet de son quotidien. « J’aime les instants volés, ceux qui passent souvent inaperçus et qu’on oublie sans même avoir su qu’ils étaient là. Je recherche la beauté dans l’ordinaire, la simplicité des moments. Je pense que mes thèmes de prédilection sont avant tout les émotions – celles que je perçois au moment de la prise de vue. Même si avec du recul, c’est surtout la mélancolie qui se détache du lot. Ma vie, et ceux qui la composent, sont ma source d’inspiration principale. Sans eux, mon art n’existerait pas », poursuit-elle. Plaines solitaires, promenades entre ami·es, clair-obscurs sur les courbes d’un corps, géométrie dans l’urbain… Jouant avec les contrastes, Marie Deraye compose un monde où les couleurs transcendent la barrière de la nostalgie, où la douceur d’une peau, d’un rire, atténue nos maux et panse nos doutes.

© Marie Deraye

© Marie Deraye© Marie Deraye
© Marie Deraye© Marie Deraye

© Marie Deraye

© Marie Deraye

Christopher Valentine

Après avoir grandi à Buffalo, dans l’État de New York et passé la dernière décennie à photographier ce territoire, Christopher Valentine a décidé en 2020 de quitter son appartement pour un camping-car pour sillonner son pays de long en large. Un changement de vie radical, précipité par la pandémie et l’incertitude qu’elle provoquait. Sur la route, le photographe diplômé de du Rochester Institute of Technology commence à imaginer un projet au long cours, inspiré par son quotidien. « J’ai décidé de réaliser trois séries inspirées par les espaces dans lesquelles je passais le plus de temps. Where The Shadows Grow Long and Dark est née dans le désert – un lieu mystérieux et unique pour quelqu’un qui a grandi à New York. Elle a été construite dans le Sud-ouest américain », précise-t-il. Paysages arides, natures sauvages, animaux libres et traces atypiques du passage de l’Homme peuplent les clichés de Christopher Valentine. Un ensemble donnant à voir la puissance des éléments, comme la fugacité de notre existence. « J’ai toujours été fasciné par la vie et la mort. Je pense que c’est lié à ma curiosité de “l’après”. La vie m’intéresse aussi, surtout ses origines, et son évolution constante. Ces deux opposés créent une série de possibilités que je ne cesse d’explorer dans mon travail », ajoute-t-il.

© Christopher Valentine© Christopher Valentine
© Christopher Valentine© Christopher Valentine
© Christopher Valentine© Christopher Valentine

© Christopher Valentine

Image d’ouverture : © Marie Deraye

Explorez
Samuel Edwards : désirs en miroir
© Samuel Edwards
Samuel Edwards : désirs en miroir
Récemment diplômé de la Central Saint Martins College of Art and Design à Londres, Samuel Edwards navigue dans un univers où s'imbriquent...
15 mai 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
La sélection Instagram #506 : avec la légèreté d'une plume
© Oana Stoian / Instagram
La sélection Instagram #506 : avec la légèreté d’une plume
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine saisissent un instant, un moment suspendu dans l’air, une respiration, une...
13 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #543 : Clarice Sequeira et Maurizio Orlando
© Clarice Sequeira
Les coups de cœur #543 : Clarice Sequeira et Maurizio Orlando
Clarice Sequeira et Maurizio Orlando, nos coups de cœur de la semaine, proposent un regard intime sur soi et sur l'autre. La première...
12 mai 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 5 mai 2025 : révolution des corps
© Anouk Durocher
Les images de la semaine du 5 mai 2025 : révolution des corps
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages Fisheye célèbrent les corps sous différentes formes, de sa portée politique aux...
11 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les dessous de l'agence Stock Photo : un récit visuel du Québec
Deux jeunes Inuit pratique le chant de gorge devant leurs camarades. Campement d'Okpiapik. Nunavik, 1999 © Jean-François LeBlanc
Les dessous de l’agence Stock Photo : un récit visuel du Québec
Dans le livre Agence Stock Photo, Une histoire du photojournalisme au Québec, la photographe Sophie Bertrand et la directrice artistique...
17 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Un regard brut sur l’exil récompensé par le Saltzman-Leibovitz Prize
© Zélie Hallosserie
Un regard brut sur l’exil récompensé par le Saltzman-Leibovitz Prize
À seulement 21 ans, Zélie Hallosserie remporte le premier Saltzman-Leibovitz Photography Prize pour The Game, un projet...
16 mai 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
La MEP s’apprête à dévoiler sa rétrospective sur Marie-Laure de Decker
Vietnam, 1971 © Marie-Laure de Decker
La MEP s’apprête à dévoiler sa rétrospective sur Marie-Laure de Decker
Du 4 juin au 28 septembre 2025, la Maison européenne de la photographie rendra hommage au parcours de Marie-Laure de Decker au moyen...
16 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Slave to Trends : le 93 selon Pooya Abbasian
© Pooya Abbasian, Neuf-Trois, 2024, impression sérigraphie sur verre de chantier
Slave to Trends : le 93 selon Pooya Abbasian
À travers Slave to Trends, un projet présenté en 2024 à la Fondation Fiminco, Pooya Abbasian explore les tensions entre esthétique...
16 mai 2025   •  
Écrit par Milena III