Marie Deraye et Christopher Valentine, nos coups de cœur #408 capturent leur quotidien. L’une illustre la mélancolie de l’existence, et l’autre fait de son road trip une réflexion sur la vie et la mort.
Marie Deraye
« Je cherchais désespérément un moyen d’exprimer des émotions souvent trop fortes pour moi sans être vraiment douée avec les mots… Alors je suis passée par l’image »
, confie Marie Deraye. À tâtons, la photographe de 25 ans a alors commencé à expérimenter, à saisir les nuances de ses sentiments au rythme des diverses écritures visuelles. Passant d’abord par la capture de paysage, puis l’art du portrait, elle a développé, au fil des années, une approche « plus spontanée et personnelle », reflet de son quotidien. « J’aime les instants volés, ceux qui passent souvent inaperçus et qu’on oublie sans même avoir su qu’ils étaient là. Je recherche la beauté dans l’ordinaire, la simplicité des moments. Je pense que mes thèmes de prédilection sont avant tout les émotions – celles que je perçois au moment de la prise de vue. Même si avec du recul, c’est surtout la mélancolie qui se détache du lot. Ma vie, et ceux qui la composent, sont ma source d’inspiration principale. Sans eux, mon art n’existerait pas », poursuit-elle. Plaines solitaires, promenades entre ami·es, clair-obscurs sur les courbes d’un corps, géométrie dans l’urbain… Jouant avec les contrastes, Marie Deraye compose un monde où les couleurs transcendent la barrière de la nostalgie, où la douceur d’une peau, d’un rire, atténue nos maux et panse nos doutes.
© Marie Deraye
Christopher Valentine
Après avoir grandi à Buffalo, dans l’État de New York et passé la dernière décennie à photographier ce territoire, Christopher Valentine a décidé en 2020 de quitter son appartement pour un camping-car pour sillonner son pays de long en large. Un changement de vie radical, précipité par la pandémie et l’incertitude qu’elle provoquait. Sur la route, le photographe diplômé de du Rochester Institute of Technology commence à imaginer un projet au long cours, inspiré par son quotidien. « J’ai décidé de réaliser trois séries inspirées par les espaces dans lesquelles je passais le plus de temps. Where The Shadows Grow Long and Dark est née dans le désert – un lieu mystérieux et unique pour quelqu’un qui a grandi à New York. Elle a été construite dans le Sud-ouest américain », précise-t-il. Paysages arides, natures sauvages, animaux libres et traces atypiques du passage de l’Homme peuplent les clichés de Christopher Valentine. Un ensemble donnant à voir la puissance des éléments, comme la fugacité de notre existence. « J’ai toujours été fasciné par la vie et la mort. Je pense que c’est lié à ma curiosité de “l’après”. La vie m’intéresse aussi, surtout ses origines, et son évolution constante. Ces deux opposés créent une série de possibilités que je ne cesse d’explorer dans mon travail », ajoute-t-il.
© Christopher Valentine
Image d’ouverture : © Marie Deraye